1. Jeton


    Datte: 25/05/2018, Catégories: fh, hplusag, poilu(e)s, photofilm, fsodo, lettre, Humour Auteur: Maria Del Toboso, Source: Revebebe

    L’enveloppe bleu ciel avait atterri ce matin-là sur ma table de travail. Je jette un œil sur sa provenance. Marseille. Qui pouvait bien m’écrire de Marseille ? Je retourne le pli. Giovannina ! Je reprends mon souffle. Le souvenir m’embrase. Le reflet mordoré du blond vénitien de sa chevelure prend peu à peu la place du paysage que j’aperçois de la fenêtre… Le saphir profond de ses yeux efface mon regard… Je connaissais Giovannina depuis son enfance. Elle était arrivée avec ses parents, il y avait bien vingt ans, passer des vacances dans le gîte rural situé à proximité de chez moi. Et tous ils étaient revenus, au fil des étés, dans ce pays de montagnes sauvages dont ils étaient devenus amoureux. Je l’avais vue grandir. Ses parents avaient entrepris de restaurer une grange dans la montagne, et elle passait alors une partie de ses journées à la maison, avec son frère et ma propre fille. L’adolescence l’avait depuis dotée de formes pulpeuses ; son buste fin s’était embelli d’une poitrine démesurée que ses vingt-cinq ans n’avaient pas encore affaissée, surplombant l’amphore parfaite de ses hanches. L’amitié d’enfance qui s’était nouée entre elle et ma fille avait perduré, et de temps en temps, elle venait nous rendre visite à Paris. Et justement, elle avait eu à faire ce jour-là à Paris. Ma fille avait quitté depuis longtemps sa chambre d’adolescente pour d’autres cieux. Giovannina m’avait demandé l’asile pour deux nuits. Ses affaires accomplies, elle était repartie vers sa ...
    ... province, où elle entretenait des amours laborieuses.
    
    Quelques jours après son départ, je recevais donc la lettre suivante :
    
    "Marseille, le 20 juin
    
    Très cher Xavier,
    
    Grand merci pour ton accueil si plein de prévenance. J’en garde un souvenir ébloui, et le retour a un goût de grisaille. Mais je m’interroge encore : comment en suis-je arrivée là ? Le réveil fut pourtant comme à l’habitude. Je t’avais dit que j’aimais me lever tôt. À six heures, la lumière du soleil caresse le haut des façades de la ville. Une vitre le réfléchit et me désigne d’un trait de feu. Le rose du ciel laisse la place à un bleu profond. Les bruits sont encore ténus, et, l’été, les oiseaux ont cessé leurs appels du printemps. Si je me penche à la fenêtre, ce ne sont que volets encore clos et secrets d’alcôves bien gardés. Cette pensée m’avait alors bien mouillé l’entrecuisse, je te l’avoue maintenant, pendant que je m’étirais en m’appuyant sur le balcon. Tu le sais désormais, j’aime ces "pensées humides". L’idée seule que derrière une des fenêtres que je contemplais, deux corps chauds pourraient se lover l’un dans l’autre me faisait inconsciemment me serrer le haut des cuisses bien fort sur mon petit capucin ! J’en étais toute vibrante !
    
    Si bien que, sans vouloir rien ôter à tes mérites, lorsque je suis arrivée dans la salle à manger, j’étais déjà, objectivement, dans des dispositions "favorables".
    
    Ton mérite, j’y reviens, est de suggérer sans forcer. Tu avais dû entendre que j’ouvrais les ...
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