1. Veillée funèbre (1)


    Datte: 26/08/2021, Catégories: Hétéro Auteur: mlkjhg39, Source: Xstory

    Mon mari vient de me quitter en l’an de grâce 1872.
    
    Il est enfin libéré après cette longue agonie et des années de souffrance. Il était beaucoup plus âgé que moi mais comme on dit, on avait fait un mariage plus de raison que par amour.
    
    Mais j’avais appris à l’aimer malgré ses infirmités et lui suis restée fidèle jusqu’à son dernier souffle.
    
    Nos amis viennent de me quitter après la veillée funèbre et je me retrouve seule avec lui, ses mains croisées sur son habit du dimanche sur notre immense lit où il paraît se perdre.
    
    J’ai donné leur soirée à la cuisinière et à la bonne car la journée de demain va être longue. Il ne me reste plus qu’à congédier Anselme, notre vieux jardinier et garde-chasse.
    
    Je le vois par la fenêtre et lui demande de me rejoindre. Il a passé sa vie de dur labeur au service de la famille de mon mari et il monte me rejoindre dans la chambre où gît mon défunt mari avec un aide.
    
    Je suis soulagée car toute la journée j’ai reçu les condoléances des amis et voisins.
    
    Anselme retire sa casquette et la tient dans ses mains calleuses, sur le pas de la porte n’osant pénétrer dans la chambre du Maître qui n’est plus.
    
    Demain, nous allons conduire mon défunt mari à sa dernière demeure. Avec l’aide de son aide, il porte mon mari pour le mettre en bière dans le cercueil puis libère l’apprenti pour saluer une dernière fois mon mari.
    
    J’ai un peu de peine mais je vais enfin pouvoir profiter à nouveau de la vie et ne plus être qu’une garde-malade. ...
    ... Il y a longtemps que mon mari me délaisse et j’ai appris à me passer de lui dans mon intimité par des gestes tendres mais je n’appelle pas ça vivre.
    
    Anselme est un homme rustre, sans histoires, pas très beau mais c’est une véritable force de la nature avec ses mains calleuses, épaisses de paysan. Il loge dans une petite dépendance au fond du jardin. Ça lui suffit car il est vieux garçon. C’est aussi l’homme à tout faire dans la maison.
    
    Quelle triste journée d’hiver, le feu est en train de s’éteindre dans la cheminée, j’ai presque froid.
    
    Anselme s’avance vers le lit pour se recueillir. Il se signe, me regarde et remarque que je frissonne.
    
    Il grommelle mais je n’arrive pas à comprendre ses paroles, des prières ou des insultes car mon mari n’a jamais été quelqu’un de bien prévenant avec ses employés.
    
    Il vient vers moi pour me présenter ses condoléances et me prend les deux mains avant de poser un bras sur mes épaules pour me consoler. Je me laisse faire car finalement, c’est la seule personne de la journée qui sait ce que j’ai supporté toutes ces années et j’ai un grand respect pour l’humain qu’il y a en lui.
    
    Sa main descend de mon épaule sur mon bras, il me murmure des mots réconfortants mais il est peu communicatif tellement il est habitué à vivre seul. Je ressens l’affection qu’il a toujours eue à mon égard.
    
    Nous nous faisons quatre bises comme il est de coutume de par chez nous, joue contre joue, les siennes piquent avec sa barbe d’un jour mais quand il ...
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