1. Un auditeur libre


    Datte: 26/08/2021, Catégories: fh, ff, voisins, fsoumise, cérébral, Humour Auteur: Samuel, Source: Revebebe

    Ils avaient cogné toute la nuit. Enfin, on pouvait le supposer, c’était le lit qui frottait contre le mur. Et puis quelques cris qu’ils avaient voulu étouffer dans les plumes de l’oreiller, mais qui étaient parvenus comme des appels à la jouissance. Cela avait duré, s’était interrompu, puis avait repris au petit matin.
    
    Clément Legendre n’avait pas dormi beaucoup, mais de toute façon, à 71 ans, il avait le sommeil difficile. Il s’endormait parfois vers les trois heures pour se réveiller deux heures plus tard. Dans la journée, une somnolence continuelle le prenait. Il fermait les yeux devant son téléviseur, espérant mourir un jour avec cette placidité. Ses nouveaux voisins, il ne les connaissait pas encore. À peine les avait-il aperçus dans l’escalier. Des jeunes, étudiants apparemment. Le seul point commun, c’est qu’ils étaient aussi désargentés que lui pour vivre dans ce pauvre appartement.
    
    Clément Legendre avait souri en entendant la scène d’amour qui se déroulait derrière la mince cloison. À aucun moment il n’avait ressenti de colère ou d’impatience, même quand ils avaient repris leurs jeux sexuels. Il n’aurait jamais pensé donner un coup de poing dans le mur pour leur faire comprendre qu’ils exagéraient. Au contraire, une douce émotion l’avait envahi, et il leur souhaitait du fond du cœur tout le bonheur possible. Il n’avait pas non plus collé son oreille pour profiter davantage de leurs ébats. Non, il avait pris cela comme on prend dans les narines au printemps la ...
    ... forte odeur du lilas qui vous monte à la tête.
    
    Le matin, Clément Legendre avait l’habitude de prendre son café sur le minuscule balcon, seul luxe de ce logement bien dégradé. Hiver comme été, il dégustait son breuvage avec une infinie lenteur pour retarder encore l’entrée du jour dans la journée.
    
    Et ce matin-là, la porte-fenêtre voisine s’ouvrit et une jeune fille sortit elle aussi sur son balcon. Elle portait une robe de chambre verte un peu démodée qu’elle avait nouée à la taille par un ruban rouge. Elle salua le vieil homme, et la conversation s’engagea. Juline était effectivement étudiante en lettres classiques. Au moment de se quitter, elle hésita un peu puis demanda :
    
    — J’espère qu’on ne vous a pas dérangé cette nuit. Je sais que ces appartements sont bruyants. Enfin, disons que c’est nous qui avons été bruyants…
    — Mais non, Mademoiselle, un appartement n’est silencieux que s’il est vide. Et votre présence est pour moi plutôt réconfortante.
    — Vous nous avez entendus, je pense…
    — Oui, mais vous savez, je dors peu.
    — Justement, nous aurions dû être plus discrets.
    — Écoutez, et pour clore ce chapitre, faites donc l’amour aussi souvent que vous le souhaitez. Rien ne me fera plus plaisir, que je vous entende ou pas. Et maintenant, ouvrons un autre chapitre, si vous le voulez bien. Je tiens à votre disposition quelques ouvrages en grec et en latin qui pourraient vous être agréables en temps utile. N’hésitez pas à perturber ma solitude. Je vous souhaite une bien ...
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