Quinze jours ailleurs - Histoires de Sexe

Quinze jours ailleurs

... des verres à l’autre bout du comptoir. L’homme, revient à sa hauteur, lui indique qu’il se prénomme Mario, lui demande si elle préfère s’installer à une table ou au comptoir.

— À une table, répond-elle.
— Choisissez, dit-il.
— Je préfère ne pas être trop près de l’entrée, fait-elle en cherchant dans le fond de la salle une table à sa convenance.

Elle finit par s’installer pas trop loin du couple en conversation rapprochée, pas trop près cependant pour ne pas les gêner. Quand Mario lui demande ce qu’elle souhaite prendre, elle annonce un café.

— Dommage, dit-il, j’aurais aimé trinquer avec vous.
— Qu’à cela ne tienne, dit-elle, je prendrai un alcool doux.
— Un porto vous dirait ?

Elle s’étonne et lui demande :

— Vous avez l’habitude de deviner le désir des gens ?
— J’ai l’habitude de ce que boivent les femmes le plus souvent.

Elle ne relève pas cette sorte de vantardise un peu stupide, mais elle est indulgente comme les femmes savent l’être avec ceux qui leur plaisent. Elle lui propose donc de trinquer et ils commencent à boire.

Elle n’est pas pressée de rentrer. Elle se laisse aller à la discussion. Elle dit :

— Donc l’Institut Grégoire est un bar. C’est curieux qu’il n’essaie pas d’attirer des clients en s’ouvrant tout grand sur la rue, s’étonne-t-elle.
— Peut-être que les habitués souhaitent rester entre eux, tout simplement, fait-il, ou autre chose. Allez savoir !

Ils sont ainsi en train de prendre langue quand le couple se lève. Elle les ...

... regarde se diriger vers la porte à battants qui termine la salle et derrière laquelle ils disparaissent.

L’effet du Porto la rend insensiblement plus à l’aise et elle fait en souriant à Mario :

— Où vont-ils, ces deux-là ? Ils ont l’air bien pressés.
— Il est difficile de deviner l’intention des gens, dit-il. À propos, votre prénom, c’est quoi ?
— Danièle, fait-elle.
— Excusez-moi, fait soudain Mario, je reviens tout de suite.

Alors que l’homme s’éloigne, passe à son tour derrière la porte à battant, le regard de Danièle se porte machinalement vers l’endroit que le couple vient de quitter. Sur la banquette elle aperçoit une sorte de revue ou de journal qu’ils ont laissé là. Elle se lève, s’en empare et revient à sa place.

Ce qu’elle voit lui plaît énormément. Elle feuillette la revue avec un plaisir évident. L’arrivée de Mario la fait à peine rougir.

— Vous avez trouvé ça où ? demande l’homme.

Elle explique. Il a une petite moue de mécontentement ou presque.

— Ma foi, c’est du plus haut intérêt, fait-elle.
— Je peux vous en montrer d’autres, dit le bonhomme. Si vous voulez les voir.

Elle regarde sa montre et sourit. Elle ne veut pas. Elle n’a pas le temps. Elle remercie, lui tend la main. Lui s’étonne un peu, fait :

— Déjà ?

Ajoute :

— Repassez quand vous voulez. Vous avez vu, il suffit de sonner.

Elle s’est rendue trois jours de suite à l’Institut Grégoire. Elle a sonné. On lui a toujours ouvert. Lors de chacune des visites elle a bu le ...