1. Mon été outre-Rhin bien rempli (1)


    Datte: 18/08/2021, Catégories: Hétéro Auteur: Kosmik, Source: Xstory

    Cette histoire est inspirée de faits réels. Les noms ont été changés.
    
    Et moi qui pensais que ce voyage en Allemagne me changerait les idées !
    
    Me voilà attablée dans un restaurant, les yeux bouffis et les lèvres pâles. J’étais entourée de mes oncles, qui en bons Allemands buvaient joyeusement leur bière. Je regardais autour de moi : que des sourires heureux, des bouches cerclées de mousse blanche, des éclats de rire, et bien sûr, de lourdes pintes qui se fracassaient contre les tables en bois.
    
    Si la joie avait une allégorie, ce serait bien celle-ci : je faisais face à la franche beuverie camarade des Germaniques. Tous les âges étaient représentés : exit les vieilles mamies françaises rances et râleuses et Wilkommen les superbes chevelures blanches de ces dames âges rieuses ; ciao les gosses insupportables et bruyants, Halo les petites bouilles repues.
    
    Tous étaient aussi tranquilles que dans un tableau de Rubens. Mais moi, j’étais au plus mal. J’incarnais plutôt un personnage mal dégrossi d’un tableau de Brughel. Mon petit ami m’avait brutalement quitté par téléphone quelques mois plus tôt, et je ne m’en remettais toujours pas. Trois années passées à ses côtés avant de me retrouver jetée comme un vulgaire sac. Mon cœur était brisé, et je ne parvenais pas à dépasser cette humiliation. Alors j’avais tout naturellement décidé de profiter des vacances d’été pour m’aérer l’esprit et rendre visite à mes oncles au pays de Schiller. Mais le doux parfum des forêts ...
    ... allemandes ne parvenait pas à me détourner de mon violent chagrin d’amour.
    
    J’allais sur mes dix-neuf ans, et je me sentais comme l’une de ces amantes mythologiques délaissées, comme Arianne abandonnée par Thésée, comme Pénélope seule sans son Ulysse.
    
    Mon oncle Bernd m’avait alors joyeusement recueillie en Allemagne. Je restais pour deux semaines. Le troisième jour, il vint me voir dans la chambre et dit « On va aller dîner au restaurant, tu vas te régaler ! ».
    
    Je suis d’ordinaire une jeune fille qui se fait coquette pour ce genre de sortie. Comme j’étudie en France dans une formation réputée difficile, je n’ai pas le loisir de m’apprêter au quotidien. Alors dès que je le peux, j’en profite pour sortir de ma chrysalide, et me transformer en beau papillon.
    
    Je ne suis pas forcément la plus gâtée du monde par la nature (1m63, taille assez fine, bonnet D, de simples cheveux noirs, de simples yeux noirs, rien d’exceptionnel...) mais j’ai pris conscience que j’étais capable de plaire quand je le voulais, à mon grand étonnement.
    
    Bref. Ma tristesse était telle que je m’étais rendue au restaurant presque en guenille. Un simple jean délavé, un simple t-shirt gris, de simples baskets noires, les cheveux ébouriffés et le visage suintant la pitié.
    
    Je n’avais même pas pris l’effort de mettre un soutien-gorge !
    
    — On va aller dîner au restaurant avec l’un de nos amis, Max. Il nous rejoindra là-bas.
    
    J’avais beau savoir que j’allais rencontrer une nouvelle personne, un intime de ...
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