1. A fleur de peau


    Datte: 20/07/2021, Catégories: f, cérébral, Oral Auteur: Boulegomme, Source: Revebebe

    ... son peignoir et, quand elle fit glisser son corps nu dans l’eau, l’image de cette fille, à genoux devant lui, s’imposa dans sa douleur et sa précision. Le regard de son homme rivé sur cette langue qui glissait sur son sexe. Ses doigts qui se crispaient dans les cheveux quand elle le prenait en bouche. Juste sous ses yeux. Betty voulait effacer cette image, mais elle n’allait pas la lâcher comme ça. Ce jour-là, elle n’avait pas pu s’éclipser. Elle avait voulu rester jusqu’au bout, s’abreuver de cette vision écœurante comme on boit un médicament amer. Elle guérissait de sa passion pour lui en regardant les lèvres de cette fille engloutir ce membre qu’elle-même avait souvent léché. Elle avait dans la gorge le goût de ce sexe qui maintenant la faisait vomir. Elle était restée pour le voir jouir une dernière fois, même si ce n’était pas avec elle. Elle avait vu ses cuisses se tendre pendant que la fille engloutissait son sexe, les mains sur ses fesses pour accentuer la pression. Il avait rejeté la tête en arrière, comme il le faisait avec elle. La fille le regardait, avait l’air d’aimer son plaisir au bord de l’extase, elle recherchait dans son regard et les mouvements de sa langue à retarder la jouissance. Betty avait entendu alors le râle d’explosion qu’elle avait redouté. La fille, les yeux fermés, avait accueilli sa semence giclant au fond de sa gorge comme un cadeau fielleux. Betty n’avait jamais accepté d’aller jusque là et restait sidérée du plaisir que l’autre prenait à ...
    ... l’avaler. Et puis Bruno reprenant ses esprits, penché pour embrasser cette garce, oui, cette garce qui lui volait ses espoirs de bonheur.
    
    Betty ferma les yeux pour expulser ces images scabreuses et envahissantes et, le visage crispé sur sa rancœur, plongea la tête sous l’eau, et se laissa envahir par la chaleur de l’eau qui explorait sa peau.
    
    Le jugement qu’elle portait sur elle-même, telle une guillotine fendant son cœur en deux, la ramenait toujours au même point inéluctable : l’échec. Pourtant elle avait tout pour elle : une enfance heureuse malgré un père absent, l’énergie puissante d’une femme indépendante, le charme discret qu’elle ne distillait qu’auprès des hommes qui lui plaisaient, lui offrant sa part de plaisir, les amis fidèles qui l’entouraient (« Tiens, il faudra que je rappelle Charles demain, j’avais promis de déjeuner avec lui… ») et surtout un métier qui lui collait fondamentalement à la vie. Elle aimait sa mission, s’y adonnait sans retenue, comme si protéger la société allait pouvoir racheter ses fautes. Une attention de tous les instants qui monopolisait ses ambitions et souvent la rendait marginale. Mais n’était-ce pas ce qu’elle cherchait ?
    
    Le problème, c’est que ce chemin qu’elle s’était tracé menait au gouffre de la désillusion, comme la mer du bout du monde entourait les cartes antiques. Son métier butait sur la misère et ses amours sur l’abandon. Et si Bruno avait fini entre les lèvres de cette fille, c’est qu’elle s’était débrouillée pour ...