1. A fleur de peau


    Datte: 20/07/2021, Catégories: f, cérébral, Oral Auteur: Boulegomme, Source: Revebebe

    Betty Miller poussa la porte de son appartement, déposa les clefs sur le petit meuble, sa veste et son holster sur le portemanteau, et ses soucis au vestiaire. Il était tard et elle n’avait qu’une envie : un bon bain mousseux au lait d’amande douce. Elle se dirigea directement dans la salle de bain, joua avec le mitigeur pour trouver la température idéale, versa le gel dans l’eau puis partit dans la chambre pour se mettre à l’aise.
    
    En se déshabillant, elle pouvait voir dans le miroir en face du lit ses yeux noirs fatigués, les cernes comme des menottes entravant son visage. Elle entreprit alors de scruter son corps nu, comme une invitation au dépit.
    
    Elle détestait se voir, mais adorait se regarder.
    
    Les mains sur les hanches, jambes légèrement écartées, elle faisait face à son image, comme pour figer en un instant charnel le début de sa reconquête.
    
    « Mouais… Pas terrible… »
    
    Pour s’en convaincre, elle souleva un de ses seins qu’elle fit lamentablement retomber en un petit bruit pulpeux contre son torse.
    
    « Eh eh… C’est pas pour rien que tu vieillis, ma pauvre ! » Et de sourire.
    
    Plotch ! L’autre sein maintenant. Elle savait que c’était plus par masse pondérale que par gravité temporelle, mais elle s’amusait avec ses seins comme on manie l’autodérision.
    
    Elle se mit alors de profil et continua son inventaire épidermique. La main toujours sur sa hanche, son regard descendit la ligne harmonique depuis la courbure de ses reins cambrés jusqu’à la naissance de ...
    ... ses cuisses, en s’attardant un instant sur la moulure mélancolique de ses fesses quarantenaires.
    
    « Bon, d’accord, y’a un peu de cellulite… Mais bon, pas de quoi parler de culotte de cheval. À peine un string de poney… »
    
    Elle rit toute seule de sa découverte lexicale et abandonna aussitôt son reflet, enfila un peignoir et se dirigea vers le salon.
    
    La journée avait été rude. Une sale affaire de racket qui avait encore emmené la récente inspectrice dans les milieux les plus sombres de l’âme humaine. Elle en ressortait toujours avec la nausée au ventre, le dégoût de ses congénères, et le désir de s’échapper vers l’océan de son enfance qui l’avait si souvent régénérée comme les bras infinis et tendres d’une mère protégeant son enfant. Mais aujourd’hui elle n’aurait pas de refuges possibles, juste éponger sa fatigue de son corps anesthésié.
    
    Elle se servit un verre de vin blanc, régla la radio sur Fréquence Jazz et appuya machinalement sur la touche Play du répondeur.
    
    — Bonsoir Betty, c’est Bruno. Rappelle-moi, s’il te plait. On peut s’expliquer. Je t’embrasse.
    
    « Mais qu’est-ce qu’il croit celui-là ? Il ne va pas me gâcher la soirée, non ? »
    
    Elle but son verre cul sec, se resservit, mais le vin ne calma pas sa rage. Trois ans de vie commune pour en arriver là. Sordide. Une banale trahison, sinistre preuve de la lâcheté des hommes. Il n’avait même pas été capable de bien mentir et de se cacher, comme s’il avait tout fait pour que Betty s’en aperçoive.
    
    Elle ôta ...
«1234»