Ilona - Histoires de Sexe

Ilona

... paye soixante euros pour le salon. Tout ce que tu lui fais cracher en plus, c’est pour toi. C’est ça, les conditions.

Ilona tombait des nues. Ainsi, c’était ce qu’Icare voulait. Qu’elle se caresse devant des inconnus. Peut-être qu’il était au bar et attendait son arrivée. Il comptait peut-être la demander en salon privé. Ça serait bien son genre de coups tordus. Pas du style à vous inviter au restau pour faire connaissance.

— Écoute, lui assura Shaïna, je sais pas quel genre de rapports tu entretiens avec ton Icare, mais si tu veux t’en aller, c’est sans problème, tu sais. J’expliquerai tout à Wellington.

Ilona chercha un mouchoir dans son sac et sécha ses larmes. Elle ne comprenait pas où Icare voulait en venir. Elle eut envie de se blottir contre le petit corps de Shaïna. Enfin quelqu’un qui lui parlait gentiment aujourd’hui. Songeuse, elle appuya sa tête contre celle de la jeune femme. Elle se sentit un peu réconfortée et une certitude se fit jour dans son esprit : si elle craquait maintenant, elle ne verrait jamais Icare. Peut-être même qu’il ne répondrait plus à ses e-mails. Mais si elle poursuivait, elle était certaine qu’il se trouverait au bout du labyrinthe, qu’il était le prix, le but de ce jeu dans lequel elle était entièrement plongée.

— Je vais le faire, murmura-t-elle après réflexion. Je vais aller jusqu’au bout.
— Tu en es certaine ? demanda Shaïna tout près de son oreille.
— Oui, confirma résolument Ilona.
— Alors viens. On y va. Nous avons une ...

... petite loge dans laquelle tu pourras te remaquiller. Ensuite, nous irons dans l’aquarium ensemble. Ne te fais pas de soucis. Je reste là quoi qu’il arrive, et il ne peut pas arriver grand-chose. Ça va aller ?
— Oui. Merci, Shaïna.

Les deux femmes se relevèrent. Shaïna prit la main d’Ilona et l’accompagna jusqu’à un petit escalier en colimaçon qui s’enfonçait vers une cave aménagée. Elles descendirent dans une loge spacieuse et généreusement chauffée, mais remplie d’un fatras de fanfreluches et froufrous éparpillés, quelques-uns sur les cintres d’une triple penderie, mais la plupart en vrac sur les sièges, la commode et le canapé. Entre la dentelle et le satiné, le tulle et la résille, les plumes et le cuir, le rouge, le noir, le rose, le blanc, on distinguait dans le fouillis guêpières et bas, corsets, bottines, soutiens-gorge aux formes variées, porte-jarretelles et strings, collants moulants faits de latex et quelques robes à paillettes, le tout d’un goût franchement douteux selon les standards d’Ilona. Une porte entrouverte donnait sur une petite salle de bains, deux autres étaient fermées.

— Excuse pour le bordel. C’est Sybil, elle est un peu chtarbée. Elle trouvait plus son caraco. Qu’est-ce que tu portes, sous tes vêtements ?

Ilona tira sur son pantalon pour montrer à Shaïna le bord de sa culotte au niveau de la hanche.

— Avec le soutien-gorge assorti, ajouta-t-elle.
— Bon, ça ira. Au moins, t’es pas en flagrant délit de culotte à grand-mère. Encore que, ...