Anita Chow Yuan - Histoires de Sexe

Anita Chow Yuan

... Amel. Rendez-vous à l’aéroport dans une heure et demie.

Les résistants se levèrent et sortirent en se chuchotant des trucs entre eux. Amel se leva également et se mit à tourner en rond. Huang lui jeta un coup d’œil. Cheung l’attrapa par le bras :

— Tu viens ?
— Une minute. Allez préparer vos affaires. Il faut faire vite.

Cheung comprit qu’il voulait rester pour parler avec sa copine. Il soupira. Depuis qu’ils se connaissaient, il avait toujours trouvé Huang sérieux et attentif. Mais maintenant qu’Amel et lui vivaient ensemble, il trouvait que son ami se laissait aller, faisant parfois passer la jeune femme avant le reste. Cheung soupira et sortit, maudissant ce pouvoir qu’avaient les très jolies femmes.

— Amel, ça va ?

La jeune femme le regarda sans cesser de tourner en rond, une main sur le visage.

— J’ai peur. Et tu sais ce qui est le plus drôle ? J’ai peur de…
— Revoir Ben ?
— Ouais. C’est dingue, nous qui l’avons cherché pendant des années en nous demandant s’il était vivant…

Huang fit un pas et s’appuya contre la table.

— Tu as peur de le revoir, parce que tu crois qu’il pense avoir été abandonné.

Amel ne répondit pas en entendant à voix haute sa crainte la plus profonde.

— Neuf ans dans un asile, non mais tu imagines ? Pendant que nous étions là, libres, dehors… Lui, il croupissait là-dedans.

Elle s’arrêta de faire les cent pas et fixa son amant.

— Comment est-ce que je vais me racheter à ses yeux ?

L’homme s’avança et la prit ...

... dans ses bras. Ce contact les rassura quelque peu.

— Il comprendra.
— Je ne…
— Si, je te le jure. Nous avons cherché partout, sans succès.
— Peut-être qu’on ne l’a pas assez fait, ou tout du moins pas assez bien ! Déjà qu’avant, Ben et moi ce n’était pas le grand amour, quand Nouria nous l’a présenté, j’ai été si odieuse, je…

Sa voix se brisa. L’image de ce jour lui revint en mémoire : elle se revit disant à sa sœur :

— Un Français, non mais t’es pas dingue ?

Elle ferma les yeux.

— Écoute, fit Huang. Le passé est le passé. Peut-être qu’auparavant vos rapports n’étaient pas très bons, mais je suis sûr qu’il ne t’en veut pas. Si ça se trouve, lui aussi il te croit morte.

Amel ne répondit pas.

— Je sais que tu appréhendes. Nous ne sommes pas revenus en France depuis neuf ans.
— Quand ma sœur est morte, finit-elle par dire, j’ai juré de consacrer le reste de ma vie à éradiquer ce fléau de la planète. Je me le suis juré. Je me suis aussi juré de ne plus jamais laisser les personnes que j’aime loin de moi. Mais j’ai dû abandonner ma vie, mes parents en France. Je ne pouvais faire que ça, parce que sinon, ils auraient aussi été en danger…

Sa gorge se noua. Huang la serra contre lui et l’embrassa sur la joue.

— Tu as fait le bon choix. Nous ne sommes que très peu à savoir la vérité. Il faut…

Amel releva la tête et l’embrassa sur la bouche.

— Je t’aime, tu sais, lui dit-il. C’est grâce à ton soutien que je reste debout.
— Moi aussi.

Du bout des ...