Le revers de la médaille - Histoires de Sexe

Le revers de la médaille

... rappelle : Il a finalement voulu profiter de la prostituée avant de la ramener dans sa rue. Et puis juste après avoir fini, il a dû s’endormir. Le reste, c’est le rêve qu’il a fait pendant que Rosine est sortie de la voiture pour rejoindre ses collègues à pied.

Non. Non, non et non !

***

Et pourtant si. Non, il ne veut pas. C’est bel et bien réel, malheureusement. Non, la réalité, ce n’est pas ça. Si, il faut bien se rendre à l’évidence. Mais pourtant il ne veut pas que ce soit ça. Toc toc toc. Ça ne peut pas exister ! Toc toc toc.

Quelqu’un frappe à sa vitre.

Il regarde. C’est un homme vêtu très sombrement, entièrement de blanc. Monsieur Alain ne voit pas son visage mais trouve qu’il a un air sympathique. L’homme entre dans la voiture sans ouvrir la porte.

— Qu’est-ce qui t’arrive, mon vieux ? dit-il.
— Ça ne va pas.
— Voyons, il est impossible que ça aille mal.
— Je ne comprends pas, dit Monsieur Alain avec surprise.

L’homme s’installe plus confortablement dans la voiture. Il enlève ses chaussures et les enfile à ses mains.

— Si tu le voulais, tout irait pour le mieux. Que veux-tu ?
— Je veux que tout cela ne soit pas vrai. Je veux que mon rêve soit vrai.
— Qu’est-ce qui te prouve qu’il n’est pas vrai ?
— Rosine n’est plus là.

L’homme grimace. Il sort de sa poche un paquet de cigarettes. Il en tire une, puis ouvre la fenêtre, jette la cigarette dehors et l’observe en train de subir les assauts de la pluie. Il trouve ça beau alors il ...

... sourit, et il referme la fenêtre.

— Ça c’est embêtant, répond-il enfin.
— Oui, et on ne peut rien y faire… Je ne veux pas… Je veux la revoir, je veux l’aimer, je veux qu’elle m’aime et je veux faire des allers-retours au milieu du centre commercial, la nuit, sur le goudron mouillé que je n’aimais pas avant mais que j’aime bien maintenant car il sent bon la liberté et la vie avec Rosine.
— Ferme les yeux, lui lance alors l’homme.

Monsieur Alain s’exécute, sans poser de question. L’homme sort des ciseaux de sa poche droite, se penche et coupe une mèche de cheveux de Monsieur Alain. Après avoir remis ses ciseaux à leur place dans sa poche gauche, il dépose la mèche dans une petite bourse attachée à sa ceinture noire. Et puis enfin, il dit :

— Maintenant, qu’est-ce qui te prouve que ton rêve n’est pas la réalité ?
— Ce n’est pas parce que je ferme les yeux que Rosine est là. Ça ne change rien.
— Au contraire, ça change tout. À présent, tu peux aller où tu veux, avec qui tu veux, dans le monde que tu veux, et rien ne pourra te prouver que ce n’est pas la réalité. D’ailleurs, tu n’as pas à te soucier que ce soit réel ou non. À quoi bon ne vivre que dans un monde que tu n’aimes pas ? Ne vaut-il pas mieux vivre dans un monde à toi, qui serait plus beau et dans lequel tu serais heureux ?
— Je ne peux pas dire non, mais…
— …mais rien. Allez, bonne vie future !

Et l’homme ne dit plus rien.

Monsieur Alain trouve tout cela assez imbécile. Lorsqu’il pense à Rosine, il va ...