1. Le revers de la médaille


    Datte: 04/06/2021, Catégories: fh, hplusag, prost, voiture, amour, revede, nonéro, Auteur: Benjamin, Source: Revebebe

    ... regarder le pare-brise. Lentement, il se tourne vers Rosine. La prostituée est couchée sur l’autre siège. Son maquillage a coulé le long de ses joues, dessinant des larmes. Monsieur Alain la trouve jolie, et a envie de l’embrasser.
    
    Il le fait.
    
    La jeune femme se réveille pendant le baiser, observant Monsieur Alain avec étonnement mais sans opposer la moindre résistance. Celui-ci, ressentant quelques mouvements de la bouche de Rosine, ouvre également les yeux. Ils se regardent, et continuent à s’embrasser les yeux ouverts. Ils s’observent. Ils se voient. Ils s’aiment.
    
    Lorsque enfin Monsieur Alain se détache de la bouche de Rosine, celle-ci baisse un peu les yeux, timide. Mais tout de suite après, elle les relève et continue à le regarder.
    
    — Comment tu t’appelles ? demande-t-elle sans le quitter des yeux.
    
    Il va répondre, mais soudain elle lui pose un doigt sur les lèvres.
    
    — Non, fait-elle, non… Finalement, ne me le dis pas. Ne me dis rien. Je préfère quand je ne sais pas. C’est un peu magique, ajoute-t-elle avec un sourire.
    — Comme tu voudras.
    
    Ils s’embrassent encore une fois.
    
    — Alors, tu ne te décides toujours pas à me la raconter, ton histoire ? lance Rosine.
    — Non, je ne peux pas. J’ai oublié.
    — Hum, dis plutôt que tu as envie d’oublier…
    — Peu importe. Je veux vivre.
    
    Silence. Pour la première fois, les deux détournent le regard. Mais leurs mains se cherchent, et se trouvent.
    
    — Il ne pleut plus, dit Rosine.
    — Non, c’est vrai, il ne pleut ...
    ... plus.
    — C’était une belle pluie…
    — Oui, c’en était une… dit lentement Monsieur Alain.
    — On pourrait sortir un petit peu, non ? demande la jeune femme, le regard vide.
    — Pourquoi faire ? Il n’y a rien à voir, dehors.
    — Si…
    — Non, on est en plein centre commercial, de nuit. Il n’y a rien à voir, à part ces gros bâtiments en béton sur du goudron.
    — Et alors ?
    — Et alors, euh…
    
    Monsieur Alain réfléchit un instant.
    
    — Et puis, tu as raison, dit-il en souriant. Sortons.
    
    Tous deux sortent de la voiture. Les portes claquent, et les lumières de la voiture s’éteignent tout à coup.
    
    Il fait maintenant très noir, comme si la vie n’existait plus. Rosine prend la main de Monsieur Alain et ils commencent à marcher lentement, sans dire un mot, en écoutant les bruits que font leurs chaussures sur le goudron mouillé. Plus ils s’éloignent de la voiture, moins ils ont envie d’y revenir. Elle est à la fois l’histoire de l’homme et le trottoir de la prostituée.
    
    Ils continuent leur marche, inlassablement. Ils font le tour du centre commercial, passent à côté de chaque magasin endormi et, chaque fois qu’ils ont tout traversé, ils font demi-tour. Ils se promènent ainsi de longues dizaines de minutes, ou de longues heures, en fait ils ne savent plus très bien.
    
    Quel intérêt ?
    
    ***
    
    Monsieur Alain se réveille. Il est couché sur les sièges avant de la voiture. Rosine n’est plus là. D’abord il y a un instant de calme, où il essaye de comprendre.
    
    Et puis c’est le déluge.
    
    Il se ...
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