Deux cadavres et des premiers pas au cinéma - Histoires de Sexe

Deux cadavres et des premiers pas au cinéma

... porte en bois clair.

« Ce bureau est encore plus bordélique que celui de l’inspecteur Brouwer ! » pensa ce dernier en pénétrant dans une petite pièce remplie de paperasses, de cassettes, de matériel vidéo, et de posters pornos. Sur un fauteuil en cuir, appuyé en arrière, un type en chemise rococo débraillée exhibait fièrement son torse velu.

— Salut ! Alors c’est toi, le super coup dont Mel a parlé ?
— Hé hé hé, oui, c’est moi, ricana Grant.
— Tiens, assieds-toi.

Le policier l’aurait bien souhaité, en effet, mais sur les deux seules chaises s’entassait un bordel sans nom. Il déposa tout ce qui s’empilait sur l’une en équilibre sur ce que soutenait déjà l’autre et s’installa en écoutant le type.

— Bon, elle t’a tout dit ? C’est une scène à quatre, Mel et moi, et toi et ta copine.
— Ma copine ?
— Ben Mel a parlé d’un couple. J’ai un copain, un super coup, elle a dit, et il pourra faire l’affaire avec sa copine. D’ailleurs, il faudrait qu’elle se radine assez vite, maintenant, sinon à la prod, ils vont me faire chier. Tu parles ! Encore une sur qui on peut pas compter ! Deux jours, elle avait dit, ça fait presque une semaine. Et tu crois qu’elle répondrait à mes appels, la salope !

Le type se racla la gorge dans un bruit atroce et toussa ses glaires épaisses.

— Enfin, déjà elle t’a envoyé, c’est qu’elle nous a pas oubliés… Elle te rejoint quand ?
— Je sais pas, elle m’a pas dit.
— Putain, ben tu vas aller la chercher au plus vite, et vous allez revenir ...

... dare-dare, toi, elle, et ta copine, pour qu’on puisse faire cette putain de scène et finir ce putain de film !
— C’est bon, pas la peine de gueuler, j’y suis pour rien, moi.
— Ouais… bon… allez, vas-y, dessape-toi, que je voie à quoi tu ressembles.

Le policier se trouva con. Il ne s’était pas attendu à ça. Et difficile maintenant de faire marche arrière. Sans un mot, il se leva et s’exécuta.

— Mouais… t’es pas moche, mais c’est quand même pas terrible. Et elle qui parlait d’un super coup. T’es pas bien baraqué, faudrait que tu fasses de la muscu. Quand tu bandes, tu fais combien ?

« Combien de quoi ? » se demanda un instant le jeune homme avant de comprendre qu’il s’agissait de la taille de sa queue.

— Je sais pas trop, dix-sept, dix-huit.
— Mouais, pas terrible. Bon, on fera un essai avec ta copine. Quand est-ce que vous pouvez venir ?

« Bonne question. Quand ? Et surtout, avec qui ? » Un projet fou était en train de s’insinuer à l’esprit de Grant. Elyna Solberg. Et s’il parvenait à utiliser la jeune femme en couverture… Il pourrait peut-être la convaincre en lui proposant d’effacer tout son dossier.

— Demain ?
— Demain matin, alors. Dix heures. Et ramène-moi cette pétasse de Melixa !

***

À dix-huit heures, dans le bureau de Brouwer, les trois enquêteurs étaient assis, épuisés, les coudes posés sur un recoin de table. Ils faisaient le point sur la situation pendant que mademoiselle Penelope se redressait d’entre les jambes de Gordini.

— Vous êtes ...