Place Kléber
Datte: 29/05/2021,
Catégories:
amour,
dispute,
nonéro,
Humour
amourdura,
Auteur: Fisherman, Source: Revebebe
... vendeur s’anima, et il lui répondit dans un français impeccable que non, c’était tout ce qu’il avait. Dépitée, Anne-Sophie entreprit d’autres recherches. Stéphane la regarda humer soigneusement une bonne cinquantaine de bougies de formes et de parfums divers. Elle finit par manifester son engouement pour l’une d’entre elles, en forme de knack, parce que celle-là sentait vraiment la saucisse. Les préférences olfactives d’Anne-Sophie étaient parfois sujettes à de mystérieuses défaillances : elle abhorrait par exemple l’odeur du tabac, qu’elle trouvait immonde et aurait été capable de repérer, même si Stéphane eut été s’en griller une au fin fond du Congo, par contre, allez savoir pourquoi, elle eut été également capable de se parfumer au jus de choucroute, parce que c’était pour elle une odeur délicieuse chargée de souvenirs d’enfance. C’est pour ces raisons bien précises que Stéphane ne s’était jamais hasardé à lui offrir un parfum.
Le vendeur enveloppa la bougie saucisse dans un papier de soie, et elle la glissa dans son sac à main, l’air visiblement satisfait. Stéphane insista pour la lui offrir. Elle le remercia d’un baiser tendre, et lui prit le bras alors qu’ils se remettaient en route. Ils marchèrent un bon moment, à demi enlacés, à moitié transis par la morsure de l’air hivernal. L’heure du réveillon approchant, le centre-ville commençait à se déserter. Les cabanes des exposants fermaient, l’une après l’autre, les forains s’interpellaient joyeusement, empilant leurs ...
... cartons dans leurs fourgonnettes, les artistes, jongleurs, joueurs d’orgue de barbarie, se faisaient de plus en plus rares au coin des rues. Malgré cela, l’atmosphère féerique si caractéristique des noëls alsaciens régnait encore. La ville, même à ce stade, continuait à briller de mille feux, un peu comme si elle consacrait un ultime effort à rayonner avant les douze coups de minuit.
Stéphane informa Anne-Sophie qu’il avait réservé dans leur restaurant préféré, non loin de la Cathédrale. Elle accueillit la nouvelle d’un large sourire, tout en lui demandant s’il avait bien pensé à demander un emplacement non-fumeur, et si possible aéré et loin des cuisines. Stéphane assura que c’était le cas, mais demeura ensuite étrangement silencieux, s’appliquant à ronger avec méthode l’ongle de son pouce.
Ils étaient arrivés à la place Kléber dont le célèbre sapin se dressait maintenant devant eux. Un authentique et majestueux Nordmann fraîchement taillé dans une forêt vosgienne et habillé pour l’occasion de fanfreluches, de guirlandes, de boules de Noël colorées, illuminées de pourpre, aussi grandes que des citrouilles. L’effet était des plus saisissant. Anne-Sophie l’aborda comme une enfant, le regard d’autant plus émerveillé qu’une chorale entonnait une série de chants au pied de l’arbre. Stéphane émit quelques protestations d’ordre écologique, tentant d’estimer l’âge du conifère au diamètre de son tronc, insistant sur les conséquences irréparables des actes l’espèce humaine sur ...