Un si gentil petit couple
Datte: 21/05/2021,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
vacances,
autostop,
amour,
cérébral,
pénétratio,
nostalgie,
Auteur: Lucien Ramier, Source: Revebebe
... penchant elle me lance :
— Je me contenterai bien de la banquette que vous avez là-bas sur le côté. Mon ami va s’asseoir près de vous sur le siège passager. Deux cents kilomètres, ce n’est pas le bout du monde. Allez, un bon geste, amenez-nous à Nantes ! Nous attendons depuis si longtemps sur ce bord de route, nous n’avons pas l’habitude de faire du stop.
La chanson de Michel Fugain continue :
Je baisse le son de mon autoradio. Je la sens suppliante. Je me dis qu’après tout ces jeunes gens me semblent tout à fait corrects, malgré le coup de la jeune femme qui sert d’appât pour la prise en auto-stop. On ne me l’avait encore jamais fait. Je pense que, fatigués d’attendre, ils ont dû choisir ce subterfuge.
— Allez montez, je vous emmène.
La jeune femme traîne son gros sac jusqu’au pied de la banquette derrière la table et s’y installe. Le jeune homme lui fait un petit sourire et un petit signe de remerciement. Un silence s’installe pendant quelques minutes. Histoire de les mettre à l’aise :
— Je suppose que vous partez en vacances vers l’Océan, en ce jour de grand départ en vacances ?
— Nous allons à La Baule, me répond le garçon. Je n’aime pas trop la plage mais Valérie est amoureuse du soleil.
En souriant je lui réponds :
— Êtes vous sur que ce n’est que du soleil qu’elle soit tombée amoureuse, Valérie ? Car vous l’appelez si gentiment par son prénom…
Assise sur sa banquette, Valérie prend la parole à son tour.
— Alain ne vous dit pas que nous ...
... sommes en voyage de noces. Hier soir, pour échapper aux farces des invités à notre mariage à Rouen, nous avons pris précipitamment la route dans ma vieille « deudeuche ». Nous voulions partir n’importe où, à l’aventure. Cent kilomètres plus loin, ce fut l’accident : un pneu qui éclate et nous nous retrouvons dans un fossé profond. Pas trop grave pour nous, rassurez-vous. Mais ma voiture est maintenant hors d’usage.
— Alors, continue Alain, nous avons laissé la vieille Deux Chevaux dans un garage à Alençon et nous avons pris ce que nous avons de plus précieux dans ces sacs pour continuer le voyage à l’aventure.
— Finalement, en stop maintenant, nous sommes devenus plus modestes, dit Valérie, nous irons où nous pourrons. Nous n’avons aucun but très précis mais nous avons choisi, avec ce qui nous arrive, de nous rendre à La Baule. Alain est étudiant et s’intéresse à l’énergie solaire. Il y a des conférences intéressantes là-bas, demain, au Palais des Congrès.
— Avec les vacances, avez-vous pensé à retenir une chambre d’hôtel ? Ça ne va pas être facile…
— Nous sommes étudiants tous les deux, Alain en commercial et moi je suis en troisième année de médecine. Nous ne pouvons pas nous offrir l’hôtel tous les jours, surtout dans une station touristique comme La Baule. Nous avons une tente canadienne. Par ce beau temps ce n’est pas un problème.
En somme, je trouve ces jeunes forts sympathiques et je suis enclin à croire qu’ils me disent la vérité. Pourtant leur histoire n’est pas ...