1. La piscine


    Datte: 13/05/2018, Catégories: fhh, couleurs, extracon, piscine, parking, jalousie, pénétratio, amourdram, Auteur: Mamadou, Source: Revebebe

    Hôtel Rabelais, Bamako, le 6 novembre 2010
    
    Du haut du balcon de notre chambre, je contemple la piscine de l’hôtel. Je vois Nathalie tout au bout du bassin, elle s’entretient avec des Noirs, maliens probablement, une jeune femme et trois hommes, également jeunes, la trentaine athlétique autant que je peux en juger à cette distance. Je n’entends pas les propos mais je devine que l’échange est amical, elle rit.
    
    Á un moment donné, le ballet s’anime, les mimiques et les gestes me font penser à ces jeux d’adolescents auxquels je ne me risquerai plus. Trop vieux, trop assagi, pour ces amusements qui se terminent en course endiablée. Elle est poursuivie par deux assaillants et bien vite rattrapée. Plouf ! Tous les trois emmêlés sont dans le bassin, tandis que les deux autres, restés au sec, s’esclaffent et s’époumonent, encourageant l’un ou l’autre, ce que je devine à l’écoute des cris qui parviennent jusqu’à moi.
    
    Nathalie ? C’est ma deuxième femme, presque trois décennies de différence d’âge. Mes enfants n’ont pas du tout compris que je prenne épouse plus jeune qu’eux, déjà qu’ils n’avaient pas digéré mon divorce d’avec leur mère. Moi aussi, cela me fait bizarre ; ça s’est fait sur un coup de tête, une opportunité, une affaire, une union gagnant-gagnant où tout le monde trouve son compte, moi bien sûr et elle aussi. Fille-mère, esseulée, désargentée, elle troquait sa liberté contre la sécurité ; j’y gagnais de la tendresse contre trois fois rien. Du moins, je croyais y ...
    ... gagner mais alors je ne savais pas que la jalousie pouvait faire si mal.
    
    Le trio est toujours dans le bassin. Les corps sont groupés, probablement collés l’un à l’autre, comme le laisse supposer le reflet compact, que je devine plus que je ne vois au travers de l’eau claire. Déduction plausible et en outre compatible avec la proximité des trois têtes, si différentes et si proches, à se toucher. Soudain, je réalise que ce n’est plus un jeu innocent si tant est que j’y croyais ; celui qui est face à Nathalie est en train de l’embrasser, un vrai baiser, pas du tout fugace. Trop long pour un baiser volé ; elle est nécessairement consentante et je ne doute plus quand elle passe ses bras autour du cou de son partenaire ; le deuxième homme semble aussi vouloir sa part…
    
    Mon estomac n’est plus qu’une boule douloureuse. Mon sexe aussi est douloureux, bandé à me faire mal, dard dérisoire, mal à l’aise sous la toile du pantalon. Ma gorge est nouée, je retiens mes sanglots et fais barrage à tout un cortège de pleurs. J’ai envie de descendre, de les rejoindre, de mettre fin à la mascarade, mais à quoi bon ? Je suis un dindon impuissant ; si je me dévoile, je serai ridicule parce que c’est mon rôle, surtout que je ne suis pas prêt à renoncer à mon union contre nature. À contrario, si je joue l’aveugle, je peux taire ma faiblesse et garder l’illusion d’une dignité à laquelle je tiens encore. Illusoire, absurde et grotesque, je sais, je ne suis pas dupe mais je supporterai bien plus encore ...
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