1. En pleins et en déliés


    Datte: 11/05/2018, Catégories: fh, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme Auteur: Rosebud, Source: Revebebe

    ... pensais disposer d’un peu de temps pour me préparer à la douleur, mais… c’est sans doute mieux comme ça.
    — Un autre jour, si tu préfères encore réfléchir ?
    — Non, je suis bien décidée ! Quelle… partie sera la moins douloureuse à ton avis ?
    
    Le sein ou le pubis ? Je n’avais jamais tatoué ni l’un ni l’autre. Cependant, d’après mon expérience, la douleur est toujours plus vive quand l’os est proche. Le haut du dos, les côtes ou les chevilles sont particulièrement douloureux.
    
    — Tu auras moins mal pour celui-ci, répondis-je sans hésiter en lui présentant le motif destiné à son sein.
    
    D’un point de vue plus personnel, il me sembla plus facile pour elle de me dévoiler sa poitrine que son sexe. Et pour ma part, je préférais y aller progressivement.
    
    — OK, je peux rester ici en attendant ?
    — Euh… Oui, bien sûr. Tu peux t’installer dans le canapé si tu veux. Il y a quelques bouquins, et revues. Sers-toi.
    
    Elle évolua avec grâce jusqu’au fauteuil que je venais de lui désigner et inspecta mes lectures. J’avais toujours trois ou quatre livres en cours de lecture que je lisais en alternance suivant les envies et les humeurs du moment. Outre les traditionnelles revues de tattoo, il y avait làMadame Bovary dans la très belle version des éditions Atlantic,Quand sort la recluse, le dernier Fred Vargas et un Pocket du1984 de George Orwell.
    
    — Ah… Flaubert…, lâcha-t-elle dans un soupir.
    
    Je fus sans doute aussi surpris de voir un mannequin ayant luMadame Bovary qu’elle ...
    ... devait l’être de trouver ce roman en ce lieu.
    
    — Ah… Emma, répondis-je tout en dessinant.
    — Quel destin, n’est-ce pas ?
    — Quel con surtout, ce Charles !
    
    Elle éclata de rire.
    
    — C’est vrai qu’il n’est pas bien malin le Charles. Mais il était surtout aveuglé par l’amour…
    
    Je vis son regard se perdre sur le mur sur lequel devait se projeter dans son inconscient le visage, le corps peut-être de cette Tatiana. Elle était réellement amoureuse. Mon tatouage devait être à la hauteur de son amour. Tout en devisant des thèmes du roman de Flaubert, la solitude, l’ennui, l’infidélité, mon crayon glissait sur le papier et, après une petite heure, je pus lui présenter un motif qui, bien que dans l’esprit de ce qu’elle désirait, était sans commune mesure avec le dessin qu’elle m’avait donné. Le cœur était devenu un diamant aux facettes étincelantes, dans un dégradé du rose au bleu. J’avais choisi une belle écriture anglaise avec des pleins et des déliés pour le texte. Si elle le souhaitait, je pourrais utiliser la même police pour le deuxième tattoo. En découvrant le modèle, elle ne put retenir une larme. J’avais visé juste.
    
    — C’est magnifique… Désolée, mais c’est une grande émotion pour moi. Elle est… toute ma vie.
    
    Je ne répondis pas. Se faire tatouer le prénom d’une femme ou d’un homme m’avait toujours semblé stupide. Pourtant, dans le cas de Vanessa, je trouvais ce geste de toute beauté. C’était une véritable preuve d’amour qu’elle offrait à sa compagne, convaincue que leur ...
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