1. Comme avant


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, tutu, nostalgie, regrets, Auteur: Harold B, Source: Revebebe

    Un mois. Un mois jour pour jour que je suis là. Dans cette ville, si belle, si calme, si revivifiante. Un mois que j’ai quitté la folie et le bruit incessants de cette immense cité qui expire. Un mois que je suis là, contemplatif, à respirer à pleins poumons le vent qui vient du large aérer mon corps gourd des remugles atroces et cruels de la mégapole agonisante.
    
    Je n’ai pas osé t’appeler avant. J’avais besoin de me purifier. D’oublier. Toute cette torture ordinaire qui rendrait fous les plus humbles et dolents les plus pauvres. J’ai vu la souffrance, j’ai vu l’ennui, j’ai vu la maladie, j’ai vu la pauvreté dans leurs plus purs aspects. Et ceux qui ne luttent plus s’abandonnent à l’extase dans des transes délétères et artificielles.
    
    Je suis heureux d’être parvenu à en sortir. Je suis heureux d’être revenu. Je suis heureux à l’idée de pouvoir peut-être te revoir.
    
    J’ai pensé à toi. Tout le temps. Des instants les plus beaux à ceux les plus sombres. Mais j’ai eu peur de te le dire. J’ai eu honte. J’ai vécu dans le regret. Je suis désolé.
    
    On n’est pas loin, je crois, l’un de l’autre. J’ai trouvé une petite maison, toute simple, mais qui donne sur les falaises. J’ai vraiment l’impression de revivre depuis que j’y habite. J’aimerais tant que tu y viennes, au moins une fois.
    
    Je sais que ça fait bien longtemps qu’on ne s’est pas vus, et que les circonstances de notre dernière rencontre n’étaient pas des plus agréables, mais le temps a passé, et même s’il n’a rien ...
    ... gommé, il a pu adoucir, éroder les écueils.
    
    Est-ce que tu accepterais de venir boire un verre avec moi ? On pourrait se retrouver quand tu le pourras dans un des cafés du centre, là où on traînait, avant. Ça a changé. Beaucoup de choses ont changé. Mais on les fera revivre, pour quelques heures, le temps d’un rêve.
    
    On pourra discuter. Prendre le temps de parler de ce que l’on est devenu, de ce que l’on a été. De ce qu’on aurait pu être. Prendre un peu de temps pour se remémorer nos vingt ans, ce perpétuel été qui fleurissait tous les jours. Et qui s’écoulait à toute allure sur nos vies commençantes.
    
    Et si le cœur t’en dit, on pourra aller se promener, revoir ces lieux perdus, qui ne vivent plus que dans nos souvenirs. Dans ces quartiers où tout sourit, autour de la place du vieux marché. Où les peintres installaient leurs chevalets pour immortaliser la douceur des après-midi languissants, quand nous flânions sans autre but que celui d’être ensemble.
    
    Je pourrai t’offrir des fleurs. Des fleurs aussi belles que toi. Et leurs senteurs raffinées nous escorteront, guideront nos pas sur les chemins qu’on parcourait, main dans la main, armés d’insouciance, les premières fois que je t’avais offert des fleurs.
    
    Et quand la nuit commencera à descendre, quand le froid se fera sentir, on rentrera doucement. Peut-être qu’on dînera au restaurant. Tous les deux. Juste tous les deux. Comme avant. Les yeux dans les yeux. Et toute la soirée durant, on se dira des mots tendres, des mots ...
«12»