Cicatrices
Datte: 08/04/2021,
Catégories:
amour,
cérébral,
revede,
nonéro,
conte,
Auteur: Freddy Warmbread, Source: Revebebe
Le ciel était glabre ce matin-là et même les arbres semblaient avoir arrêté de grandir. Les maisons flottaient doucement au-dessus du bitume rose et élastique ondulant. Tout semblait s’être arrêté. C’était signe qu’il y aurait de l’orage, et quand il y a de l’orage, c’est de toute façon mauvais signe. La foudre a certains côtés pernicieux dont il faut se méfier plus que tout au monde, surtout dans le cristal ombreux de nos passions les plus profondes.
Rouge s’extasiait devant la photo de classe. C’était un mardi soir de mars, le onze je crois bien. Dans son coin, Noir jetait des regards inquisiteurs et méfiants de temps à autre, puis finit par s’approcher. Il était bien trop curieux.
— Eh Noir, regarde ! dit Rouge avec excitation.
— Qu’est-ce qui y a d’intéressant à voir ? répondit Noir avec sa moue peu inspirée.
— Y a Fée qui sourit.
— Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ??
— Mais tu ne te rends pas compte ! Elle sourit si peu souvent.
— Qu’est-ce que tu racontes là ? Il y a plein de gens qui ne sourient pas souvent et ça n’a rien d’extraordinaire.
— Laisse tomber, tu peux pas comprendre. Oui, c’est ça« ne sourit pas souvent », et oui oui« Petite Fée, aux cheveux blonds océan, ne sourit pas souvent… »
— Mais à quoi ça rime, tout ça ?
— C’est de la poésie, pauvre ignare. Je sens la suite venir« Mais aux mains, Mirovolantes, dessein à dessin, Impressionnantes ».
— MiroVolantes ? Qu’est-ce que c’est encore que cette invention ?? Et l’océan c’est ...
... pas blond, c’est en général plutôt bleu, gris ou vert selon le temps. Franchement, tu délires complètement.
— Tu ne trouves pas que ça lui correspond parfaitement ? Ah, ses cheveux… je n’en ai jamais vu de tels. Et puis au moins reconnais qu’elle dessine vachement bien.
— N’importe quoi ! Et puis tu ne la connais même pas, cette fille.
— Oh et puis zut, toi ! Si t’es pas content, tu peux aller te faire voir chez les Grecs !
— Ah non, alors ! Vu tous les gens qui se sont fait voir chez eux, ça doit être la crise du logement. Et puis je déteste la foule, tu sais ça.
— Demain j’apporterai ce poème en classe pour le Printemps de la Poésie.
— Tu vas quand même pas faire ça ?!
— Mais si, je le ferai, et ça que t’en aies envie ou non.
— Bon, bon, très bien ! Fais comme tu veux, mais j’aime mieux te prévenir que tu risques de le regretter. (Il s’en va.)
— C’est ça, fiche le camp ! Bon débarras ! Ah mais.
Le lendemain, mercredi (comme il se doit d’ailleurs). Rouge remontait la côte, en tenue de tai-chi-chuan. Noir était en train de broyer on ne sait où tout seul, et cette fois c’était Blanc qui accompagnait Rouge.
— Bien cette séance de tai-chi, hmm ? dit Blanc avec enthousiasme.
— Magnifique, euh… magnifique c’est le mot.
— Tu ne veux pas vraiment parler de la séance, mais d’autre chose.
— Moi ? Mais non, quelle idée !
— Allons ! Inutile de le cacher. N’aie aucune honte à l’avouer.
— À avouer quoi ?
— Arrête de faire l’idiot ! C’est tellement évident que tu as des ...