1. Exhalaison


    Datte: 24/03/2021, Catégories: fh, jeunes, enceinte, campagne, amour, Oral 69, pénétratio, fsodo, mélo, Auteur: Kirlan, Source: Revebebe

    ... avenir tout tracé ? S’il s’était engouffré par la dernière porte de sortie, de laquelle avait dû filtrer un courant d’air sentant la liberté ? Et si le groupe allait devoir poursuivre son intro indéfiniment, parce que son chanteur avait disparu avec l’atout numéro un, nous en étions tous conscients, dont nous disposions auprès de notre public ? Je regardais les minettes du premier rang, avec leurs dizaines de bracelets trop grands aux poignets, tremblant d’impatience avant l’entrée de mon ange fuyard, que je n’aurais même pas à partager avec ces dizaines de paires d’yeux aujourd’hui.
    
    Sylvain allait se lancer dans un solo pour meubler, quand Antoine s’est enfin avancé, surgissant de l’ombre derrière moi, m’effleurant le bas du dos et la hanche de la main au passage. Il s’est installé devant le micro, raide comme un piquet, et sa voix s’est élevée au-dessus des hurlements que son apparition avait suscités, si fragile, plus fragile que jamais, tremblante et puissante pourtant. Il dut s’interrompre avant le refrain parce qu’il avait oublié de passer la sangle de sa guitare autour de son cou et puis il commença alors à s’époumoner.
    
    Story is on our side,Story is on my back.Could you please…
    
    Il n’est pas allé plus loin. Sa voix s’est éteinte comme une flamme soufflée par un courant d’air. Le courant d’air de la liberté, peut-être. Les notes à la sortie de sa guitare se sont entrechoquées, comme des voitures s’entassant dans un embouteillage monstre ; je l’ai vu trébucher ...
    ... vers l’avant, se rattraper à son micro et se redresser, et puis s’affaisser brusquement vers l’arrière. Bruit strident dans le micro. Sylvain qui se précipite. Greg qui passe à travers ses cymbales et ses caisses. Mathieu qui sort de son état second musical et se penche sur le corps agité de spasmes. Et puis un hurlement. Un cri plaintif, presque un jappement, ridicule. J’aurais pu trouver cela drôle si ce n’était pas mon copain, le futur père de mon enfant qui venait de s’évanouir. Et si ce n’était pas moi qui avais poussé ce hurlement.
    
    Le médecin de garde à l’hôpital n’a rien trouvé de mieux à faire que de me demander six ou sept fois si Antoine était sujet à des crises d’épilepsie, s’il se droguait, s’il avait consommé de l’alcool avant de monter sur scène… Et puis ce con de moustachu (comment un médecin peut-il être autorisé à porter la moustache, il n’y a rien de moins hygiénique que ce nid à miettes de pain) a diagnostiqué une crise de stress, comme l’aurait fait n’importe qui en voyant un chanteur s’écrouler devant 200 personnes.
    
    Sylvain nous avait accompagnés à l’hôpital, avec sa fourgonnette rouillée. Je lui ai répété ce que le médecin venait de dire et lui ai dit qu’il pouvait rentrer, non sans lui avoir précisé de prévenir nos autres musiciens par texto. Il a pincé les lèvres, m’a dit de prendre soin d’Antoine, de ne pas m’en faire pour le concert, et puis il m’a embrassé sur la joue et s’en est allé. Je l’ai suivi du regard, à travers les portes vitrées de ...
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