1. Exhalaison


    Datte: 24/03/2021, Catégories: fh, jeunes, enceinte, campagne, amour, Oral 69, pénétratio, fsodo, mélo, Auteur: Kirlan, Source: Revebebe

    ... portière de la voiture. Il prit ma main et m’entraîna vers la salle de concert. Je marchais à ses côtés, me pressant tout contre lui, ne pouvant détacher mes yeux de son visage. Il souriait. Cela aurait dû me suffire. Sauf que si ses lèvres esquissaient le plus beau des sourires, ce sourire qui me chavire et me transporte, m’exile et me saborde, m’élève et m’envahit comme les fragrances délicates d’une fleur qui ne fanerait jamais, ses yeux ne souriaient pas, eux. Ils trahissaient cette expression de désarroi absolu qu’Antoine parvenait à dissimuler au monde, même à moi, la plupart du temps.
    
    Grâce à cette grande nouvelle, je venais de nous inventer un avenir.
    
    Antoine venait seulement de constater qu’il ne pourrait plus jamais fuir comme il ne cessait de le faire.
    
    Alors que nous nous changions en coulisse, et qu’Antoine me décochait tellement de sourires que je me demandais s’il ne m’envoyait pas des flèches anesthésiantes pour endormir mon attention à son égard, Greg et Mathieu prenaient des photos, « pour le futur livret de l’album ». Greg faisait tournoyer l’une de ses baguettes entre ses doigts. Sylvain réglait encore le boîtier accroché à sa ceinture qui lui permettait de jouer sans être relié à l’ampli.
    
    Nous montâmes tous sur la scène, à l’exception d’Antoine. Il faisait toujours son entrée après l’intro du premier morceau. « Tu es sûr que ça va ? » lui ai-je demandé encore une fois. Il a hoché la tête, avant de se tourner pour ajuster son nœud de cravate ...
    ... dans le miroir.
    
    Mathieu et Greg lancèrent les bases, batterie et basse liées sur un tempo furieux, Sylvain vint bientôt plaquer son riff à la guitare, la mélodie se noua entre les instruments entrelacés, enveloppant l’espace dans un élan continu, et puis je suis entrée en scène, le projecteur au-dessus de moi s’illumina quand je m’activai sur mes platines, mes doigts se promenant d’un curseur à un autre. J’étais bien. J’aurais dû être excitée, après ce que je venais d’apprendre. Et surtout circonspecte et préoccupée de la réaction étrangement neutre d’Antoine. Mais non, j’étais heureuse, emplie de sérénité.
    
    L’intro se prolongeait, Antoine ne s’avançait toujours pas sur scène. Quand Sylvain a tourné la tête vers moi, enroulant une énième fois son riff autour de la mélodie, j’ai su que je n’étais pas la seule à trouver le temps long. Greg, qui tabassait sa batterie sans relever la tête, et Mathieu, concentré sur sa basse, secouant la tête en rythme, n’avaient semble-t-il rien remarqué pour le moment, du moins c’est que j’ai cru quand j’ai compris que Mathieu ne secouait pas la tête pour accompagner la musique mais pour me signifier son exaspération quant à la nouvelle frasque de son chanteur, qui s’amusait régulièrement à gâcher des opportunités et parfois des concerts.
    
    Je fus soudain prise d’une terreur aussi glaçante que plausible : et si Antoine s’était enfui ? S’il était en train de courir, loin, le plus loin possible de moi et ce fichu théâtre, de ce bébé et de son ...
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