Raoul - Histoires de Sexe

Raoul

... une vague excuse.

— Euh, écoute Raoul, ces deux nanas sont hallucinantes, je te l’accorde. Mais c’est tout, ça va pas plus loin. Calme-toi et finis ton histoire.
— Mouais…

En tremblotant, il sortit de sa poche un paquet de cigarettes.

— Je peux fumer, chez toi ?
— Si ça peut te soulager…
— Tu en veux une ?
— Non, merci, tout à l’heure, peut-être.

Il alluma sa cigarette et tira une grande bouffée puis reprit en soufflant sa fumée :

— Je suis rentré chez moi et le temps que j’aille de la bagnole à la porte d’entrée, j’ai vu un gros éclair, mais pas dans le ciel, plutôt comme une sorte d’immense arc électrique, et puis qui dura longtemps, j’sais pas, moi, au moins deux ou trois secondes.

Il but une gorgée de scotch et tira de nouveau sur sa clope.

— Je t’assure que j’ai eu les boules, je me suis vraiment demandé ce qui se passait ; j’ai hésité, mais finalement, j’ai couru dans la direction d’où semblait provenir cet éclair, et soudain, j’ai entendu des cris ; enfin, non, pas des cris, des gémissements plutôt, et tu sais ce que j’ai vu ?
— Moi ? demandai-je presque amusé.

Il hésita.

— J’sais pas si c’était toi, mais y avait un mec en train de baiser sa nana, dans l’herbe, par terre, entre deux baraques, tous les deux à poil ! Je les ai observés quelques secondes ; mais ils se sont mis à gueuler comme jamais et soudain, pfft ! Trois ou quatre petits ...

... éclairs, et ils avaient disparu !

À la dérobée, j’observai Juliette puis Éloïse d’un air interrogateur. Ce qu’il racontait était trop proche de ce que j’avais vu moi depuis vingt-quatre heures pour ne pas être vrai.

— T’y crois, ça ? Hein ? s’inquiétait Raoul.
— Euh, franchement ? lui répondis-je en feignant de rigoler encore.

Il resta silencieux, absorbé dans ses pensées et sa fumée. J’avais besoin de réfléchir.

— Tu sais quoi, Raoul ? Tu vas te détendre un peu, ressers-toi à boire si t’as envie. Et puis…

J’hésitai un court instant.

— Si tu veux, tu peux profiter un peu des charmes d’Éloïse…

Il releva soudain ses yeux écarquillés vers moi.

— Moi, je vais aller préparer à manger avec Juliette. Tu manges avec nous, Raoul, hein ?

Il ne répondit rien ; il parcourait attentivement du regard le corps de sa voisine. Je fis signe à Juliette de me suivre jusqu’à la cuisine, en ajoutant d’un ton railleur à l’attention d’Éloïse :

— Bon, mais juste une pipe, hein ?
— Oui, parce qu’après on passe à table… ajouta Juliette en se levant pour me rejoindre.

Je la dévisageai avec curiosité, me demandant d’où elle sortait cette réplique. Et juste avant de sortir, j’entendis, malgré son évidente volonté de discrétion, la voix basse de mon ami :

— Ils connaissent pas Raoul, ces deux-là ! Juste une pipe… Non mais… T’inquiète pas, ma belle, je vais pas te laisser en carafe…