1. COLLECTION JEUNE – VIEUX. Les moineaux (1/2)


    Datte: 21/03/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: CHRIS71, Source: Hds

    ... chemin et je vais m’asseoir loin de lui.
    
    Le dimanche matin, cimetière.
    
    Sur un banc le jeune homme est là avec sa mie de pain, des pigeons qu’il repousse comme dans l’autre jardin.
    
    Je m’assieds à ses côtés.
    
    - Jeune homme, je m’excuse de vous importuner, je vous vois régulièrement tous les samedis au jardin du Luxembourg, c’est la première fois que je vous vois ici.
    
    - Ma nounou est enterrée dans cette tombe sans pierre tombale en face de nous, je lui tiens compagnie en donnant à manger aux moineaux.
    
    - Aux moineaux, je vous vois repousser les pigeons, vous ne les aimez pas !
    
    - Ils polluent partout, ils se multiplient au détriment des autres espèces, j’aime la nature et j’aime les moineaux, c’étaient les oiseaux préférés d’Alice.
    
    - Alice, votre nounou, elle avait quel âge, si cela ne vous gêne pas de me répondre ?
    
    - Non, il n’y a rien à cacher, elle avait 84 ans.
    
    - Habitez-vous dans le quartier ?
    
    - Oui, deux pièces boulevard Raspail.
    
    - Je vous vois toujours songeur, avez-vous des soucis ?
    
    - Oui, je n’ai pas de revenu, et le bail d’Alice finit dans trois jours, je n’ai aucun moyen de louer un autre logement.
    
    - Et pourtant vous achetez du pain de mie pour les moineaux.
    
    - Ma petite personne n’est rien comparée au problème de la nature, je suis écolo.
    
    J’aurais bien une petite idée pour l’aider, mais je ne le connais ni d’Éve ni d’Adam.
    
    Je le salue et je vais sur la tombe de Charles.
    
    Le soir dans mon lit, j’ai du remords à n’avoir ...
    ... pas aidé ce jeune homme, mais la vie est ce qu’elle est, jusqu’au samedi je ne pense plus à lui.
    
    Le samedi il est là au jardin du Luxembourg, il me reconnaît et me salue.
    
    À ses pieds un sac de sport et son sac de pain de mie.
    
    - C’est fait, je suis à la rue, j’ai toutes mes affaires dans ce sac. Ce soir je vais chercher un coin vers la Seine sous un pont.
    
    Je me souviens de mes remords dimanche dernier au cimetière et du prénom qu’il m’avait donné.
    
    - Yvon, vous semblez un garçon à qui l’on peut faire confiance.
    
    J’ai un grand appartement boulevard Montparnasse, si vous le désirez, je peux vous héberger le temps de vous retourner.
    
    - Vous êtes gentille, mais j’aurais peur de vous déranger.
    
    - Si je vous le propose, c’est que j’ai réfléchi que je pouvais vous aider dimanche dernier au cimetière, vous savoir à la rue, m’empêcherait de dormir.
    
    De toute façon, dans huit jours je prends mes quartiers d’été à Concarneau, il faudra bien vous débrouiller. Venez.
    
    Je l’installe dans la chambre inoccupée, elle aurait dû être la chambre du bébé jamais venu.
    
    Je lui fais voir la salle de bain. L’étagère où Charles avait sa brosse à dents est libre, il peut sortir la sienne.
    
    Après que nous avons dîné, je l’entends se doucher, je suis contente, il a de l’hygiène. Il fait chaud, il vient près de moi en pantalon de pyjama sans le haut, il faut dire que ces premières chaleurs de ce mois de mai sont étouffantes dans ce vieil appartement.
    
    Je ne peux m'empêcher de ...