Bouteilles, théières, et missiles sol-air - Histoires de Sexe

Bouteilles, théières, et missiles sol-air

... devenues !

Il voleta avec peine pour s’approcher de mes compagnes et constata leur triste état.

— Tu sais aussi bien que moi que je ne parviendrai pas à les atteindre du premier coup…
— Mais si ! Mets-toi juste devant elles, tu ne peux pas les rater, là !

Je poussai sa bouteille juste devant Aurélie et Kraçou lui envoya un minuscule éclair bleu pâlichon, mais qui suffit à rendre vie à ma compagne qui s’effondra aussitôt dans mes bras en pleurant presque.

— Oh Gufti ! J’ai eu si peur !

Je la serrai contre moi un court instant, tandis que le génie épuisé s’approchait à présent de la gélatine rampante. Et de nouveau, le minuscule éclair qu’il produisit à dix centimètres du blob suffit à annuler le maléfice. Mais c’en fut trop pour le pauvre Kraçou qui disparut, comme aspiré au fond de sa bouteille. La bouillie rosâtre s’agglutina rapidement pour reformer sous nos yeux soulagés le corps d’Estelle. Celle-ci, agenouillée, nous fixait d’un regard vide en répétant :

— Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Aurélie se précipita pour la prendre dans ses bras et tenter de la rassurer. Et moi je courus encore jusqu’à la fenêtre : la situation n’avait pas évolué d’un poil : la moitié de l’US Army cernait toujours l’hôtel, et des soldats devaient être en train de l’explorer. Mais ce n’était pas ça qui m’intéressait : je levai les yeux vers le ciel, de plus en plus sombre ; un orage se préparait, c’était certain. C’était l’occasion rêvée de ...

... tenter de foudroyer de nouveau Bazouk. Et quoi de mieux que le toit d’un immense building pour essayer ça ? Mais des hélicoptères faisaient des rondes au-dessus de nous… N’importe ! Je devais y aller. Je ramassai la théière.

— Restez là et veillez sur Kraçou !
— Gufti ! Qu’est-ce que tu fais ?
— Je remonte sur le toit avec Bazouk.
— Hein ? Mais… pourquoi ?

Je sortis sans avoir répondu. Douze étages à monter avant d’attraper la porte de service qui conduisait tout en haut de l’immeuble… une bonne petite promenade de santé. Et j’espérais ne pas croiser de GI. Mais je n’étais pas tout seul dans la cage d’escalier ; l’annonce spectaculaire du colonel Mac Douglas n’avait pas eu l’effet escompté : les clients de l’hôtel paniquaient et se ruaient en masse vers le rez-de-chaussée, craignant sans doute une attaque terroriste. Mais surtout, ils gênaient ma progression ; tous descendaient alors que je montais.

— Attention ! Poussez-vous ! beuglai-je en levant bien haut ma théière. C’est une bombe !

Ça marcha assez bien ; les braves touristes hurlèrent de toutes leurs forces mais s’écartèrent effectivement à mon approche, me permettant de braver plus rapidement le flot de panique. Je montai quatre à quatre, épuisé, braillant ma fausse alerte à la bombe dès qu’une troupe de péquins se radinait. Mais plus j’approchais des derniers étages et moins j’en croisais. Et plus je m’essoufflais, aussi.

La seule lumière arrivait de l’extérieur à travers de petites fenêtres, mais il ...