1. Magie des campagnes


    Datte: 08/02/2021, Catégories: fh, couple, conte, Humour contes, Auteur: Tithon, Source: Revebebe

    Oyez, oyez, braves gens, la belle histoire de Marie et Lulu…
    
    Marie était mariée depuis environ vingt ans. Le couple exploitait une petite ferme des environs de Cahors, dans une campagne de causses.
    
    Si la culture de la vigne et la chasse aux truffes prospéraient, leur union commençait à battre de l’aile. Les enfants élevés et partis de la maison, le grand Louis, dit Lulu, ne cultivait plus beaucoup son champ. Fini les baises endiablées dans le cuveau à vin, ou, l’été, dans l’odeur du foin qui sèche dans le pré ! Une fois de temps en temps, vite fait, une culbute dans la grange derrière les crèches vides de bêtes, et qui laissait Marie insatisfaite et malheureuse.
    
    Sous prétexte de foires aux truffes, de vendanges ou de salons de l’agriculture - selon les saisons - le Lulu partait très souvent, trop souvent, laissant Marie se morfondre dans le grand lit à l’étage.
    
    Son minou se desséchait.
    
    Privé de rosée bienfaisante pour l’arroser, le poil devenait terne et cassant. Un désespoir, une jachère même pas fleurie ; la ronce et l’ortie y faisaient leur lit.
    
    Lulu venait et repartait sans un mot, accomplissait le minimum de travail à la ferme, et sous n’importe quel prétexte disparaissait quelques heures ou quelques jours.
    
    On murmurait dans le village et les échos de ces bruits revenaient à Marie.
    
    On dit que le Lulu fricote avec la Jeanne et la Julie, et qu’à l’aurore encore on les a vus au bar du pont, en ville ou ailleurs.
    
    On les a vus à la boite échangiste ...
    ... vers Montauban… etc.
    
    Dans les bars des environs, le Lulu louait à qui voulait l’entendre les langueurs de Louise ou d’Elise, roucoulait sur les rondeurs de Roberte et faisait rosir les rosières attablées avec leur galant.
    
    Tout ce bruissement rendait Marie encore plus triste et désespérée. L’avenir ressemblait à un buisson d’épines et de poussière…
    
    Lulu était parti pour une virée de plus.
    
    Ce jour-là, prenant conscience de son isolement, Marie téléphona à sa copine d’enfance, la rousse Véronique.
    
    — Véronique, au secours ! Lulu va me quitter ! Je sais plus quoi faire, y va me quitter, je veux pas !
    
    Le tout entrecoupé de larmes et reniflements.
    
    — Marie, ma sœur, laisse un peu tes vaches, cochons, vignes et truffes, et viens causer avec moi. Ce soir, on va se faire une soirée filles, tu vas voir ça te fera du bien. Après, on avisera.
    
    Autant Marie était prude et sage, autant Véronique flamboyait par tous les pores de sa peau. Elle rayonnait de joie et d’appétit de vivre.
    
    C’était sa première copine quand elle était entrée au pensionnat de la Sainte Foye de Conques de Justine de Padirac. Véronique organisait des trafics de clopes et de mâles dans cette institution fermée à laquelle le préfet et l’évêque confiaient leurs filles en espérant en faire des oies blanches prêtes à farcir. Véronique s’était fait prendre à cause d’une fille enceinte qui avait tout avoué, et n’avait dû son salut qu’à l’intervention du préfet qui, soucieux de préserver la réputation ...
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