1. Découvertes


    Datte: 05/02/2021, Catégories: fagée, voyage, nonéro, portrait, Auteur: Luce, Source: Revebebe

    ... trouvait une cinquantaine de magasins qui vendaient tous exactement la même chose et qui était déjà noire de monde. Je me décidai à suivre ma voisine, persuadée qu’elle ne suivrait pas cette meute bruyante. Me voyant plantée au milieu d’une dizaine de bus, elle s’approcha gentiment.
    
    — Vous restez avec moi, ou vous essayez de suivre les autres fous ?
    — Je crois que je vais vous suivre finalement !
    — Premier travail, trouver un resto pour midi. Enfin, deux heures ! Alors, moi, c’est Suzon et à partir de ce moment nous nous tutoyons !
    — Moi, c’est Luce.
    
    Nous quittâmes la rue principale, et à travers un dédale de petites rues qu’elle connaissait comme sa poche, nous nous retrouvâmes devant la porte grande ouverte d’une sympathique auberge. Elle s’avança à l’intérieur, et dans un espagnol parfait, commanda deux repas pour quatorze heures.
    
    — À présent, je vais te montrer quelques adorables petites boutiques, mais ne sois pas surprise par mes goûts, d’accord ?
    — Tu fais ce que tu veux, je te suis !
    
    En effet, le premier magasin d’habillement dans lequel nous entrâmes n’était pas tout à fait consacré à des vêtements de nos âges : robes courtes, jupettes, hauts à fines bretelles, etc. Je ne me sentais pas tout à fait dans mon élément, mais je la laissai faire sans mot dire. Elle arriva à la caisse avec un tas de ces vêtements légers et courts. L’hiver arrivait, je ne comprenais pas. En quittant le magasin, elle me glissa quelques mots à l’oreille.
    
    — Je t’avais dit ...
    ... de ne pas être surprise, tout est normal !
    — Mais ces vêtements ne sont pas de saison !
    — Ici ! Mais il y a des pays où il fait beau ! Tu oublies le catalogue ?
    — Mais alors …
    — Oui, je fais mes courses en prévision de mon prochain voyage au Sénégal, dans trois semaines. On continue ?
    — Bien sûr !
    
    La boutique suivante, ce fut pire encore pour moi : de la lingerie fine. Mes modestes soutiens-gorges et mes ridicules culottes de coton me firent un peu honte lorsque mes yeux se posèrent sur ces paniers de dentelles de toutes les couleurs et sur ces mannequins magnifiques. Je fus sidérée par la quantité qu’elle acheta.
    
    — Tu sais, il fait chaud, là-bas, il faut se changer souvent !
    — Je comprends, mais tu portes tout le temps ce genre de choses ?
    — Tu ne trouves pas ça joli ?
    — Si, mais ce n’est plus de mon âge !
    — « Mon âge », « mon âge », ça ce sont des mots de vieille ! Je me fous de mon âge ! Je préfère me regarder dans la glace avec ce string qu’en Petit-Bateau !
    
    Aucune réponse ne put sortir de ma bouche. Ma pruderie en avait pris un sacré coup et je savais qu’elle avait raison. Elle avait assez de force de caractère pour assumer. Je ne connaissais rien de sa vie, mais je sentis qu’elle avait une revanche à prendre et que cette revanche commençait par là, par l’embellissement de ses appas physiques. Dans mon esprit, cela signifiait qu’elle désirait attirer dans ses filets des hommes ou pourquoi pas des femmes. Cela ne me disait rien qui vaille, ce n’était ...