1. Une histoire d'amour


    Datte: 23/01/2021, Catégories: amour, poésie, amourpass, amourcach, extraconj, internet, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    Préface
    
    Lorsque j’étais en classe de seconde, j’ai eu la chance formidable d’avoir un professeur romancier, qui était également un ami d’Aragon. C’était un érudit, drôle, fantasque, subversif et… impitoyable avec les scribouillards que nous étions. « Ayez l’intelligence de ne parler que de ce que vous connaissez ! » répétait-il sans cesse.
    
    Depuis toujours, je me suis efforcé de suivre ce conseil…
    
    Une histoire d’amour… Comment écrire une histoire d’amour ? Si l’on suit ce conseil, on est bien obligé de ne parler que de celle(s) qu’on a vécue(s).
    
    C’est alors qu’apparaît le problème de la pudeur. Mes sentiments profonds, mes altercations, mes cas de conscience, mes galipettes… il y aurait quelque part comme une sorte d’exhibitionnisme malsain à tout vous raconter. Mais en même temps, comment être crédible si, comme le disait Céline, je ne suis pas prêt à mettre mes tripes sur la table ?
    
    C’est peut-être mon ancienne fréquentation des Jésuites qui m’a aidé à trouver la solution : « Ne pas hésiter à mentir, pour mieux dire la vérité. »
    
    Dans l’histoire qui va suivre, tout est vrai, et tout est faux à la fois. Tout est arrivé, mais pas forcément dans l’ordre, ni de la manière décrite dans la suite de ce texte. C’est une histoire banale, et en même temps exceptionnelle. Le mythe d’Orphée, réactualisé pour vous. Oui, le héros descendra en enfer afin d’y délivrer sa bien-aimée. C’est donc un conte… qui comme tous les contes, contient sa part de vérité.
    
    Et ...
    ... finalement, cette vérité, ne se trouve-t-elle pas dans le cœur de chacun d’entre nous ?
    
    *
    
    Il était une fois une histoire… une histoire qui commence bien avant l’écriture de cette première chanson. Je postais des nouvelles sur des forums littéraires et je recevais des critiques très diverses, bonnes ou mauvaises, peu importe. Une lectrice a commencé une correspondance avec moi, mêlée d’encouragements et de sarcasmes. Elle se demandait si mon côté « ours mal embouché » était réel, ou si je jouais un personnage.
    
    Nous avons échangé de longues lettres où chaque fois son esprit et sa témérité me donnaient un réel sentiment d’avoir à faire à quelqu’un d’exceptionnel. D’abord indifférent, je me rendis compte un jour que j’aimais nos conversations, que je recherchais sa présence.
    
    Mais rien n’était possible entre nous. Elle habitait loin. Elle était mariée, et elle avait deux enfants… État que je respectais trop pour imaginer quoi que ce soit d’autre qu’une tendre complicité littéraire.
    
    Nous échangions la nuit. Parfois, en sortant fumer sur mon balcon, je regardais les étoiles, et je pensais à ce que j’allais lui raconter.
    
    « Peut-on aimer quelqu’un qu’on ne rencontrera jamais ? » Je ne sais plus qui a posé la question… Ni pourquoi, ni comment… Je sais par contre que ce soir-là, j’ai écrit ceci :
    
    J’ignorais encore les souffrances qui étaient les siennes, au quotidien. Elle a fini par avoir le courage de m’en parler. Je crois que, par acquit de conscience, j’ai tenté mollement ...
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