Vilaine maman - Histoires de Sexe

Vilaine maman

... répondre « Les deux, mon capitaine ! Et ça va chier pour ton matricule… »

Inutile de préciser que je passe une soirée maussade, suivie d’une courte nuit que je qualifierais de tourmentée. « On aura sûrement plein de choses à se dire », a-t-elle précisé. Je réalise enfin concrètement combien j’ai déconné. Trop tard…

Le lendemain matin je me rends chez Marie comme convenu. Je ne vois pas trop l’intérêt que j’aurais à me défiler. Autant crever l’abcès. Elle veut causer, alors on va causer. C’est avec la boule au ventre que je sonne à sa porte. Marie m’ouvre. On se fait la bise, fraîchement. Elle m’offre un café que j’accepte et elle m’invite à m’asseoir à la table de la cuisine. C’est donc là que va avoir lieu l’interrogatoire.

Elle dépose les tasses sur la table et s’assoit. Elle me fixe durement (le même regard noir que sa fille), et elle se lance :

— Alors comme ça tu lui en fais voir des vaches, à Emma ?

J’ouvre de grands yeux :

— Pardon ?
— Ben oui… hier… quand j’étais sur le palier… je l’ai entendue dire : « Oh, la vache ! »

« Quand j’étais sur le palier »… Ça ne part pas bien.

— Après ça, je suis redescendue. De toute façon, c’était plus ou moins terminé… non ?

« Oh la vache ! »… Ah oui… ça me revient… Mais ça n’arrange pas mes affaires. Je vais m’en prendre plein la tête.

— Tu vois mieux de quoi je parle là ?

Faire le malin serait totalement suicidaire, mais j’essaie quand même d’y voir plus clair, de cerner l’étendue du problème qui ...

... m’est posé :

— T’es pas sortie du tout hier… ou t’es juste rentrée plus tôt ?
— Je suis pas sortie du tout…

L’aveu me terrifie un peu plus. Glaçante, elle décide de s’expliquer :

— J’ai flairé tout de suite que c’était pas normal, ces conneries de cours d’anglais à Emma. Elle a jamais eu aucun problème en anglais, Emma. Et puis elle a insisté tellement lourdement pour que je t’appelle… c’était devenu tellement important… tellement urgent. La bonne blague… J’ai trouvé ça louche dès le début. Mais bon… je t’ai appelé. Je voulais en avoir le cœur net. Et t’es venu…

Je me ratatine sur ma chaise. Je croyais m’être fait piéger par Emma. C’est Marie qui m’a eu. Jeff le crétin, oui…

— Alors hier, quand j’ai vu la jupe qu’elle avait mise pour son cours d’anglais… au ras du bonbon… et comment elle tordait du cul en montant les marches devant toi… et puis comment tu la reluquais… j’ai plus eu aucun doute. Y avait un loup dans la maison… il venait même de monter dans la chambre de ma fille, le loup… Quand je suis venue vous dire que j’allais voir Jeanne, elle était déjà rouge comme une pivoine, Emma… Je sais toujours quand elle me baratine… Je l’entends dans sa voix, je le lis dans ses yeux. Tu sais que c’est ma fille quand même ? Ça crée des liens, ces trucs-là…

Je me tais. J’attends que le ciel ait fini de me tomber sur la tête. C’est long. C’est lourd aussi.

— Je vous ai laissés seuls et je suis descendue faire claquer la porte. Mais je suis pas sortie. J’ai hésité… ...