Campus AQP - Histoires de Sexe

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... cent mètre, elle coupe le silence :

— On… on va vraiment manger quelque part ?
— Oui. Tu en doutais ? Pourtant, tu sais que je n’ai en général qu’une seule parole.
— Oui, je sais… Mais… enfin bref…
— Bon, tu ne m’as pas dit ce que tu voulais manger.
— Un truc où on peut se servir, ça serait bien…
— Alors dans ce cas, tu as deux choix, pas trop loin : l’Alligator avec ses buffets froids à volonté ou le chinois juste à côté, buffets, grillades et wok.
— Chinois !
— Va donc pour le chinois.

Alors que nous sommes attablés depuis quelques minutes, et que nous avons attaqué le buffet des entrées, elle me confie :

— L’un des trucs pires de mon existence, ça a été le mois dernier…
— Ah bon ? Et c’était quoi ?
— Tu jures de garder ça pour toi ?
— Oui, je jure de garder ça pour moi.

Elle hésite, elle regarde autour d’elle, puis se lance :

— Tu connais André Desmasières ?
— Oui, le crétin qui veut faire croire qu’il a une particule ?
— Oui, ce crétin-là… eh bien… j’avais accepté son invitation à dîner…
— Ah bon ! ? Excuse-moi, je ne savais pas que ce type était ton genre…
— Non, pas du tout, pas du tout ! Mais…
— Mais ?
— J’avais trop faim…
— Ah !

Et elle pique du nez dans son assiette. Je suis quand même un peu étonné. Je préfère ne pas savoir la suite, bien que je ne pense pas que Nadia se soit glissée dans ses draps pour un repas. Ce qui serait un comble, sachant de quelle famille fortunée elle descend. Mais comme Mademoiselle Rousse-Feu a une ...

... fierté assez mal placée… De ce fait, je préfère continuer dans une autre direction :

— Pff ! Espèce d’idiote ! Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? J’ai des tickets-restaurants à profusion, et tu le sais puisque tu en as déjà eu. Je ne pouvais pas savoir que tes finances étaient si… justes. En tout cas, chapeau, tu as très bien su donner le change jusqu’à présent ! Jamais je n’aurais osé imaginer que tu en sois arrivée à de telles extrémités !
— Oh ça va ! Je fais ce que je peux pour ne pas qu’on me prenne pour une miséreuse ! J’espère que tu vas la boucler et ne rien dire !
— Merci pour ta confiance…
— Excuse-moi, Stéph… mais c’est un sujet qui me… que je n’aime pas trop évoquer.
— Alors tais-toi et mange !

Au lieu de répondre, et obéissant pour une fois, elle se contente de sourire. Une bonne heure plus tard, nous déambulons dans le parc qui borde notre prestigieuse école.

— Au fait… Merci, Stéph…
— Pas de quoi… il faut bien que j’utilise mes tickets. Au fait, tu en veux combien ?
— Euh… cinq… c’est possible ?
— Cinq tickets ou cinq carnets ?
— Arrête de te foutre de moi ! Juste de quoi finir le mois.
— Je ne me fichais pas de toi, cinq carnets, pas de problème. Je te signale au passage que nous sommes le vingt-cinq et que ce mois-ci a trente-un jours. Avec cinq tickets, tu n’iras pas loin !
— Du moment que je mange une fois par jour, ça ira.
— Deux fois, ça serait mieux… non ?

Je fouille dans ma sacoche et j’en extirpe deux carnets que je tends à Nadia ...