S.D.F. malgré lui - Histoires de Sexe

S.D.F. malgré lui

... héroïne et préfère fermer son livre. Presque arrivée à destination, Marie range le livre dans sa mallette et referme son sac pour ne rien perdre à sa descente du bus.

Elle prend une profonde inspiration et se lève pour descendre à son arrêt. Elle feint une perte d’équilibre pour s’approcher de l’homme qui semble sommeiller. Marie cherche une de ses mains pour lui donner le billet. Elle regarde à droite puis à gauche si personne ne l’épie et trouve le courage de poser sa main dans la sienne pour y introduire le billet qui, à présent, lui brûle les doigts.

Soudain, elle sent une pression qui lui enserre la main et qui la retient prisonnière. Elle émet un petit « non ! », à peine audible que lui seul entend. Elle réitère ce mot en espérant qu’il la lâche, mais rien n’y fait. Marie sent qu’elle va louper son arrêt et elle fulmine intérieurement. Lui ne relâche pas d’un pouce sa prise de main et, un petit sourire aux lèvres, attend la suite des événements. Marie peste intérieurement car le bus est reparti. Puis elle se détend car, en fait, elle l’a un peu cherché et sourit à son tour de cette situation inattendue.

Arrivés au terminus, Porte de Vanves, tous les voyageurs restants descendent. Marie voudrait bien qu’il la lâche mais rien n’y fait. Il maintient sa pression qui devient douloureuse pour Marie car son sang ne circule plus au niveau de ses doigts. Soudain il se lève, emmenant Marie dans son élan et descend du bus. Une fois sur le trottoir, Marie tente de ...

... libérer sa main mais en vain. Elle l’apostrophe :

— Mais ! Que me voulez vous, à la fin !
— Moi, rien, juste connaître vos intentions à mon égard.

Surprise et un peu interloquée par l’aplomb de cet homme, Marie ne sait que répondre, puis se jette à l’eau :

— Je voulais juste vous aider financièrement, pour améliorer votre quotidien, rien de plus ! Vous vous imaginiez quoi, là ?
— Oh, mais je n’imagine rien, je pense seulement que vous pouvez faire plus, ma belle !
— Je vous demande pardon ! Vous rigolez j’espère ?
— Désolé, je disais que vous pourriez peut-être faire plus, si vous le vouliez !
— Ah oui ! Comment cela, et par quel moyen, je vous prie ? Vous délirez, là !
— Vous pourriez peut-être m’aider à retrouver la mémoire afin de connaître mes origines, sans que cela dérange ou nuise au déroulement de votre propre vie.

Un peu honteuse de sa réponse sèche et peu aimable, Marie lui répond sur un ton plus amical :

— Je voudrais bien, mais je ne vous connais pas. Comment voulez-vous que je sache d’où vous venez et pourquoi vous êtes S. D. F. Comme on dit ici, à Paris ?
— Je suis d’accord avec vous, Princesse, et je vous comprends mais, voulez-vous bien essayer, je vous prie ?

Toujours attirée par cet homme dont les yeux lui rappellent quelque chose enfoui loin en elle…, Marie soutient son regard et perçoit toute sa détresse :

— Je ne suis pas sûre d’y arriver, mais bon ! Si cela peut vous redonner l’espoir, je n’y vois pas d’inconvénient majeur ! Où ...