L'île
Datte: 23/12/2020,
Catégories:
nonéro,
Auteur: HugoH, Source: Revebebe
... joue avec une boîte de calmants tandis que Sophia dort à ses côtés. Depuis qu’ils sont arrivés, il a résisté. Ce n’est pas l’envie qui manque pourtant. Et ces petites antennes de vibrer :Pourquoi ici ? Pourquoi est-ce que tu en as besoin ici ? Il y a, même en ce minuscule Éden, des contrariétés, des petits blocages qui continuent de l’irriter. Une lampe, un branchement, des conduits d’eau, des infiltrations minuscules, ce genre de choses. Des broutilles certes. Mais qui lui tapent sur le système. Les problèmes existent, oui, simplement, ils sont différents, bien plus contrôlables.
Pas de cachets, pas de cachets, se répète-t-il comme une prière intérieure. Il en a soupé. Qui pourrait les atteindre ici ? Il a bien lu des articles sur ces pirates des mers qui s’en prennent aux riches insulaires. Le fait de ne pas avoir de personnel fixe, attaché à la maison a été le fruit d’une longue concertation entre Sophia et lui. Mais avoir une présence étrangère en sa demeure quand la nuit vient ne lui est tout simplement pas tolérable.
Il s’étire en repensant à cette journée près de la piscine. Voilà qui est positif, voilà qui justifie tous ces sacrifices. Mais il faut qu’il apprenne à profiter sur le coup de ce genre de moments et pas quelques heures plus tard. Plus tôt, lorsqu’il s’est enfoncé dans le ventre de Sophia, il n’a pas pu s’empêcher de jeter des regards par la large fenêtre de la chambre, ne devinant que le maigre halo des veilleuses souligner le mouillage des deux ...
... petits bateaux amarrés.
Mais personne ne va venir, lui a soufflé au creux de l’oreille Sophia à califourchon sur lui en accélérant le rythme. Personne ne va venir. Nous sommes en sécurité ici. Et elle a répété les mots. À encore tendu la cadence. La tête comme un manège, il a murmuré : « Dis-le encore, dis-le encore ». Sa peau dorée luisait de sueur sous ses mains.
— Nous sommes en sécurité ici, chéri, personne ne peut nous atteindre.
Il avait dit « Oui ». Dix fois oui. Comme lorsqu’elle l’avait demandé en mariage dans ce motel près des canyons huit ans plus tôt. Étonné mais heureux. Ça faisait plaisir de le voir ainsi, c’était vraiment gratifiant. Karl avait dit oui. Dix fois oui. Et Sophia avait glissé sa main sur la nappe épaisse, l’avait posée sur la sienne, alliance contre alliance. Alors, elle avait tendu une brochure. Îlot Grec. Villa toute équipée. Tout confort. De quoi brûler une grande partie de leur patrimoine. Cash. Ils avaient de l’argent.
D’abord parce que Sophia en avait. Fille unique, elle avait récupéré l’ensemble des biens de ses parents qui étaient morts dans un accident de voiture quelques mois après la naissance de Léane, Karl avait accueilli la nouvelle avec une compassion de mise.
Froide au-dedans, et qui calculait déjà les intérêts et envisageait les placements possibles. Sophia avait eu beaucoup de chagrin. Sophia s’était arrêtée de travailler. Sophia avait démarré une psychanalyse de fond. Un peu tard pour régler ses comptes avec des ...