Dominique est amoureuse - Histoires de Sexe

Dominique est amoureuse

... serait qu’elle conserve sa membrane intacte, pour de multiples raisons : la première étant que le garçon ne revienne jamais, là encore pour des tas de raisons, entre autres les sergents recruteurs, une fille plus attirante que Dominique – Josée fronce les sourcils –, l’envie de parcourir la terre, que sais-je ?

Et puis tous mes conseils et tous mes soins peuvent échouer, et nous la voilà enceinte ! Alors, je te fais un dessin ?

— Non, pas la peine. Mais comment veux-tu… ?
— Laisse-moi faire.
— Encore une chose, Jinay, tu sais que je n’ai pas les moyens de te rétribuer…
— Tu veux une fessée, toi aussi ? À ton âge ?

Elles se poursuivent en courant tout autour de la pièce, Josée criant : "Non ! Non !". Et la sorcière : "Attends un peu, si je t’attrape, c’est avec une poignée de joncs que je vais m’occuper de tes fesses !". Et elles rient comme des folles.

Elles terminent un dernier tour de piste et s’affalent côte à côte sur le lit d’examen, essoufflées mais toujours riant aux éclats, comme des gamines qu’elles ne sont plus. Mais c’est si bon de croire qu’on peut l’être à nouveau.

Le lendemain c’est le bourgmestre qui montre le bout de son gros nez.

— Mademoiselle Golog, j’aimerais vous dire un mot.
— Oui, Monsieur le Maire, entrez, asseyez-vous je vous prie, je suis à vous dans une seconde.
— Faites, faites…

Monsieur le Maire a pris place discrètement dans un fauteuil qui tourne le dos au lit d’examen, sur lequel une femme, grosse d’environ six à sept ...

... mois, est examinée. En particulier, sa poitrine est nue et Jinay palpe attentivement ses beaux seins lourds et un peu douloureux, dont les sombres tétons ont doublé de volume. Elle murmure, sa patiente hoche la tête, paraît rassurée, et se rajuste.

— Voilà, Monsieur le Maire, je suis à vous.
— Mademoiselle, je connais votre attachement à notre cité, je viens vous proposer une occasion de montrer votre dévouement.
— Il vous est acquis, Monsieur le Maire, voulez-vous m’en dire plus ?
— Certainement. Vous n’ignorez pas que la manufacture de torchons de lune est en arrêt de travail – Jinay acquiesce – vous êtes mieux placée que quiconque pour mesurer les désordres qu’entraîne cette situation – nouvel acquiescement muet – or la solution est en vue, et ne demande, finalement, qu’un peu de doigté dans l’exécution.

Jinay est habituée aux circonlocutions langagières des édiles ; bien que les femmes ne siègent pas au Conseil communal, elle y figure virtuellement ; elle représente la population féminine, on vient la consulter régulièrement et la tenir au courant des délibérations.

Le bourgmestre reprend :

— Allons droit à l’essentiel : les ouvrières demandent cinq sols de plus par journée, et leur Dimanche tout entier au lieu de la seule après-midi. Or, vous n’ignorez pas que cette entreprise est, au plan financier, dans les mains de gens des Provinces Unies ; ce sont des requins, ces gens-là ; s’ils s’obstinent dans le refus, et à notre avis c’est ce qu’ils vont faire, ...