Dominique est amoureuse - Histoires de Sexe

Dominique est amoureuse

... droit de propriété momentané ? Il n’a pas le temps de pousser plus loin sa pensée :

— J’ai dit je t’écoute !
— Je sais bien ce que tu veux entendre. Tu veux que je te propose le mariage, n’est-ce pas ? Je ne peux pas.

Elle s’est retournée d’un bond :

— Et pourquoi donc ? Tu es déjà fiancé ?
— Non, tu le sais très bien ; mais je me trouve trop jeune pour m’engager, je voudrais faire mon Tour de France, voir du pays…
— Rencontrer plein d’autres filles !…
— Ben oui, entre autres, je vais pas fixer mon choix sans pouvoir comparer…

C’en est trop. Les yeux secs et les mâchoires crispées elle lui demande de la ramener.

De retour chez elle, Dominique est allée voir sa tante Josée, qui a vite compris, à la mine renfrognée de sa nièce, que quelque chose ne va pas.

— Et bien ma belle, tu me parais bien sombre, qu’est-ce qui ne va pas, dans ta vie ?
— Rien, rien, ça va…
— Oh, non ! Ça ne va pas, si tu ne veux pas parler, je ne te force pas, mais ne me dis pas que tout va bien, pas à moi…

Dominique s’effondre, le nez sur l’épaule de sa tante, en sanglotant comme une fontaine. Josée alterne les caresses et les petites tapes sur son dos, mais ne dit rien.

Après un bon moment, alors que Dominique en est à renifler bruyamment, sa tante commence un prudent interrogatoire :

— C’est ton père qui t’as interdit de sortir ? – pure hypocrisie, elle sait très bien que si là était la question, Domi n’aurait pas du tout ce type de réaction–.

En fait Josée a ...

... facilement deviné que c’est un chagrin d’amour, elle se souvient très bien de ce que ça fait ; mais il faut éviter les questions directes, le mieux étant de prêcher le faux pour savoir le vrai.

Mais prudence ! Elle a affaire à une fine mouche.

— Tatie, comment fait-on pour s’attacher un homme ?
— Boudiou ! T’as pas plus simple comme question ?
— C’est quoi, d’aimer ?
— Bon, on revient à la première question, je préfère. Écoute, quand j’avais ton âge, j’ai choisi Fernand, et j’en ai pas connu d’autres ; alors tu vois, je veux bien répondre à toutes tes questions, mais seulement dans la mesure de ce que je sais, et c’est peu de choses…
— Non, sûrement pas – elle renifle encore un peu – il suffit de vous voir, tous les deux, moi je souhaite rien d’autre, alors dis-moi, il t’aime, Fernand ?
— J’en sais rien.
— Ah !…Et toi, tu l’aimes ?
— J’en sais rien, mais j’en veux pas d’autre.
— Pourquoi ?
— Ben, je sais pas trop…Il me convient très bien.
— Et lui, donc, supposons qu’il t’aime ? – elle ne renifle plus, sa voix est plus ferme – ce serait pourquoi, pour la façon dont tu lui tiens sa maison ?
— Non, d’abord c’est notre maison, et puis si j’étais mauvaise ménagère, il me crierait dessus, peut-être, enfin je suppose, mais c’est pas pour ça qu’il reste avec moi.
— Parce que tu lui as fait des enfants, alors ?
— On les a fait tous les deux…
— Oui, enfin je me comprends, c’est quand même toi qui…
— Je sais ce que tu vas dire ; je les ai portés neuf mois durant, chacun, je ...