54.3 Opération Petitcon Acasquette
Datte: 17/11/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... jamais.
Je reconnais l’un de ses instants où tu sais que c’est là que tu dois monter dans le train, qu’importe où il va, mais tu sais que tu dois y aller, sans poser de question.
Lui parler, facile à dire, surtout que si je me lance, je risque d’arriver très vite aux sujets qui fâchent : surtout que, pour parler à un mec comme Jérém, il faut trouver les mots, les phrases et les formes qu’un tel spécimen, LE spécimen, puisse entendre sans se braquer ; il faut trouver la brèche, comme une aiguille dans une botte de foin, pour ne pas trop chatouiller la bête ; et c’est un exercice d’autant plus difficile lorsqu’on est amoureux et qu’on sait qu’un mot de trop pourrait nous faire perdre l’être aimé.
« Je ne sais pas vraiment Jérém… » je finis par me lancer « un peu de considération déjà… je ne suis pas un pantin qu’on prend et qu’on jette quand on en a envie… c’est trop dur de ne jamais savoir quand je vais te revoir, ou même si je vais te revoir… c’est dur de supporter tes colères… tu y as été fort l’autre soir… j’ai cru que t’allais me frapper… ».
« Tu dis n’importe quoi… ».
« Je te jure, tu m’as fait peur… ».
« Je n’étais pas bien… ».
« Peut-être… mais je ne suis pas ton punching-ball… ».
« Ok, ok, désolé… ».
« Je crois que je mérite un minimum de respect, même quand tu n’es pas bien… ».
« Ça va, n’en fais pas des tonnes non plus… ».
« T’as compris ? » je fais exprès de reprendre ses mots de la dernière fois.
« Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! » ...
... fait-il en montant la voix sur un ton qui se fait de plus en plus agacé.
« Merci ! ».
Le silence s’installe à nouveau. Je me dis que, puisque le train est lancé, autant continuer jusqu’au au terminus.
« Dans un mois, je vais partir à Bordeaux pour mes études… ».
« Je sais… ».
« … je ne sais pas si tu vas rester sur Toulouse ou si tu vas partir… ».
« Je n’en sais rien non plus, mais j’aimerais bien prendre l’air, j’en ai de plus en plus envie… ».
« Je ne veux pas te perdre… enfin… je veux dire… je ne veux pas te perdre de vue, Jérém… ».
« Je te l’ai déjà dit, tu vas m’oublier quand tu seras à Bordeaux… tu vas rencontrer d’autres mecs, des mecs comme toi… ».
« T’oublier ? Je ne pourrai jamais t’oublier… tu comptes beaucoup trop pour moi, et tu le sais… tu es le seul mec qui m’a rendu dingue au premier regard… tu es le premier mec avec qui j’ai couché et de loin celui qui m’a le plus fait vibrer… ».
« Je t’ai bien secoué… ».
« Bien sûr que tu m’as bien secoué… mais je ne te parle pas de ça… ».
« Je suis sûr que t’as encore envie de me sucer… ».
« Non, pas maintenant… ».
« Tant pis, je vais y aller alors… ».
Il se dégage alors de mon étreinte et il commence à se rhabiller, en silence. Boxer, t-shirt, short et baskets viennent à la fois cacher et mettre en valeur sa plastique de fou.
Tout se passe très vite ; dans ma tête ça se bouscule et je n’arrive pas à trouver les mots pour aller plus loin ; mon train lancé à si belle allure a raté ...