Le livre secret d'Atilbis - Histoires de Sexe

Le livre secret d'Atilbis

... l’objet, Thyris le regardant faire.

Avec une horreur grandissante, il lut la suite.

Les Dieux et les Déesses entraient en fureur contre Atilbis et ses disciples. Ils entraînaient leurs fidèles dans une croisade sans merci. D’abord ne visant que les atilbissydes, elle était vite étendue à tous ceux qui lui rendaient un culte, puis, enfin, à tous ceux qui étaient traîtres à leur Dieu en fréquentant l’autre sexe. Emportée dans un fanatisme dépassant toutes les folies précédentes, l’humanité se détruisait elle-même. En trente ans, toute reproduction ayant cessé, la race humaine s’éteignait doucement. Thyris et Fyrag n’en voyaient rien : ils avaient, depuis longtemps, été massacrés par des fanatiques.

— Ta version ?

Fyrag sursauta. Il était en nage. Il ne s’était pas aperçu que, depuis un moment, Thyris lisait par-dessus son épaule.

— Qu’est ce que tu veux dire ?
— Tu as lu quoi ?
— C’est horrible, Thyris. Il faut qu’on reparte.
— Dis-moi ce que tu as lu.

Choqué, Fyrag lui raconta en peu de mots. Thyris resta songeuse.

— C’est étrange. Quand j’ai essayé ça, c’était Hédion qui entrait en croisade. Les conséquences étaient plutôt moins désastreuses.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu ne l’as lu qu’une fois, n’est-ce pas ? Relis-le maintenant. Commence là.

Elle indiqua du doigt la ligne où ils se demandent ce qu’ils doivent faire. Curieusement, elle était maintenant située avant le moment où ils ouvraient la porte. Fyrag lu alors, avec une stupéfaction ...

... grandissante, qu’ils n’ouvraient pas la porte et repartaient, laissant à d’autres le soin de décider.

— Maintenant recommence, et pense que tu le donnes à un Dieu.
— Mais tu es folle ?
— Vas-y. Pense-y vraiment. Ce n’est qu’une simple expérience, on peut recommencer autant de fois qu’on veut.

Il relut. En donnant la statuette à Alquise, celle-ci la détruisait et se retrouvait chassée du Panthéon. Sa sœur et sa mère, sans ses conseils avisés, durcissaient encore la séparation entre les hommes et les femmes. Un monde clandestin se créait, hors du regard des Dieux, seul moyen pour les hommes et les femmes de continuer à se rencontrer. La donner à Mysalis était pire encore. Celle-ci en usait pour subjuguer Dyanar et imposer ses propres lois. Atilbis refusait. Calcin, essayant de réconcilier ses parents, subissait le même sort qu’Alquise, et la guerre envahissait le monde.

Fyrag passa en revue toutes les solutions qui lui passèrent par la tête. La donner à un prêtre aboutissait aux mêmes eaux. Quelle que soit la solution, le résultat était, peu ou prou, le même. Les hommes et les femmes se séparaient plus encore.

La torche commençait à fumer, et les yeux leurs piquaient d’avoir trop scruté le mur. Ils ressortirent du temple. Ils ne parlèrent pas. Ils savaient trop que, si l’un d’entre eux avait entrevu un espoir, il l’aurait dit aussitôt. Thyris tentait en vain de trouver le moyen d’être à nouveau admise au temple, malgré son échec. Fyrag essayait, tant bien que mal, ...