1. La Gare


    Datte: 01/11/2020, Catégories: fh, train, cérébral, exercice, Auteur: Zoe G., Source: Revebebe

    ... souvenir. Il sent le tabac, le musc, et l’odeur de son corps fatigué fait monter en elle le désir. Elle caresse ses cheveux, coupés très courts, mais dont le contact éveille chez elle un instinct maternel. Elle le détaille alors… Une vareuse bleue est jetée sur ses épaules larges. Un vieux pull à peine chaud le ceint et laisse apercevoir un maillot, plus très blanc, qui moule sa musculature. Un pantalon en toile déchirée bleue lui couvre les jambes. Elle constate son désir. Le sien l’accompagne…
    
    — Il dégrafe son corsage brodé, avec la délicatesse qu’elle lui connaît. Chaque bouton ouvert fait monter en elle une douleur au niveau du ventre. Son pouls s’accélère. Son souffle se coupe. Ses seins lourds lui pèsent tout à coup, se rappelant à elle. Toutes ces années, sages, à oublier son corps. Ces années à l’attendre, à l’espérer.
    — Elle se souvient maintenant de leur dernière nuit. Alors que Vladivostok était en sang. Des arrestations se pratiquaient sans vergogne. Des miliciens armés défonçaient les portes des braves gens. Dans les rues ce n’étaient que hurlements, angoisse, et massacres ! Des enfants, des vieillards, pleuraient d’un même ton, sur une vie disparue. Cette vie, pauvre certes, mais ô combien saine. Les hommes travaillaient la terre, cette même terre qui allait les accueillir à leur mort et dont ils respectaient tous les caprices. Les hivers rudes lui caressaient l’échine, l’habillant d’une épaisse écorce glacée et indomptable. Contrairement aux hommes, ...
    ... cette terre chérie se protégeait de la folie humaine. Réagissant maintenant au frôlement des doigts de son compagnon, elle se met à frissonner.
    — Lui la touche délicatement comme pour chasser les fantômes si présents de la guerre. La souffrance des camps se lit sur son visage buriné par le froid, et la solitude.
    — Il l’effleure à peine, de peur de la casser.
    — Elle gémit. Ses seins sont durs et tendus.
    — Elle le serre contre elle avec ardeur, l’invitant à continuer.
    — Il continue. Une odeur d’humidité emplit l’espace. Ils ont froid. Les murs qui les soutiennent glissent sous eux. Il suinte de leurs failles un jus liquoreux et épais. Une odeur de moisi enveloppe l’atmosphère et colle à la peau. Obéissant à leurs instincts, ils s’offrent l’un à l’autre dans le vacarme de la ville.
    — Elle ne le regarde pas. Elle se sent rassurée. À cet instant rien ne peut lui arriver.
    — Lui, reste là, immobile.
    — Secouée par un spasme, Elle, l’accompagne dans cette chute, et sa main tremblante, les guide vers leur désir.
    — Il la suit dans cette chaude volupté, se laissant conduire et pousser jusque devant la falaise offerte. Il et elle poussent un cri ! Enfin ils sont unis ! Collés l’un à l’autre comme un puzzle dont les pièces se rejoignent enfin ! Leurs sexes se mélangent, s’assemblent, se déchirent, se happent, se contorsionnent. Leurs corps à l’unisson se parlent, se découvrent, s’aiment.
    — Plusieurs fois elle lui chuchote des mots tendres puis violents.
    — Plusieurs fois il la sent ...