1. Première lune


    Datte: 23/04/2018, Catégories: fh, fplusag, extracon, copains, odeurs, Oral préservati, pénétratio, fsodo, init, inithf, Auteur: Aliocha, Source: Revebebe

    ... amicales.
    
    En somme, notre amitié était aussi sincère qu’elle peut l’être entre un homme et une femme.
    
    ***
    
    Nous en étions déjà à notre troisième verre de ce vieux whisky irlandais que nous appréciions tant – elle assise sur un coussin à même le sol, moi confortablement installé sur son sofa – quand la conversation dévia sur un sujet que nous avions déjà évoqué en d’autres circonstances, mais à vrai dire jamais sérieusement.
    
    — Pardon de te demander ça, fit-elle avec un sourire un peu gêné de l’autre côté de la table basse, mais… ça doit pas être facile, non ? Sexuellement, je veux dire ?
    
    Je la dévisageai un instant, l’air impassible, et soufflai la fumée de ma cigarette.
    
    — Tu manies joliment l’euphémisme, Sandra.
    — Aïe… Pardon, je ne voulais pas…
    — Non, non, ça va ! De toute façon, tu te doutes bien que je me débrouille tout seul… Et c’est très facile, au contraire !
    — Hum… Et tu le fais souvent ?
    
    Sa tête penchée sur le côté. Ses sourcils interrogateurs. Un lancinant morceau de John Coltrane –Olé.
    
    Et moi, avec ma honte.
    
    Je lui en voulais en un peu de me titiller là où ça faisait mal, mais je décidai d’entrer dans son petit jeu.
    
    — Si je fais souvent quoi ? demandai-je, avant de préciser, d’un ton hésitant : Me masturber ?
    
    Son large sourire s’inclina. Je plantai mes yeux dans les siens.
    
    Courage.
    
    — Oui, assez souvent. Presque tous les jours, en fait.
    — Oh ! Alors j’ai le regret de t’annoncer que tu es un petit branleur !
    
    Elle riait. ...
    ... Ses dents étaient blanches. Et cette légère coloration des joues, là : était-ce la chaleur ou bien…
    
    J’ignorai ses provocations.
    
    — Oui, et même un grand branleur. Je suis passé maître dans l’art du plaisir solitaire. Je pourrais écrire un manuel, tiens, à l’usage des puceaux et des libertins. Et je vais te dire un truc : je me demande souvent ce que je deviendrais si je n’avais pas ça pour me soulager.
    — Ouais, t’as raison, moi à ta place, je crois que je deviendrais folle.
    — Mais tu as Jean-Claude.
    — Oui, enfin, je vais te dire, en ce moment, c’est pas la joie, au pieu.
    — Ah bon ?
    — Non. C’est qu’il n’est plus tout jeune, le p’tit pépère.
    
    Nouveau rire. La pointe d’une flamme joueuse dans le miel de ses yeux. Les arpèges de Coltrane branchées sur les zones érogènes de mon cortex.
    
    — Oh, quand même, tu exagères. Il a quoi, cinquante ans à tout casser ?
    — Cinquante-deux !
    — Oui, bon. On est encore fringuant, à cet âge-là, non ?
    — Eh bien, va-le lui dire. Ça fait presque un mois qu’on n’a rien fait !
    
    Un mois. Un jour. Une seconde. Peu importe le temps objectif, seules comptent les expériences vécues. Je ne lui fis pas remarquer que dans mon cas l’abstinence se mesurait à l’échelle d’une vie. D’ailleurs j’étais moins vexé qu’amusé.
    
    — Il n’a plus envie de toi ?
    — Je ne sais pas trop. C’est surtout qu’il bande mou.
    — Ah ! Mou-dur, ou… mou-mou ?
    — Plutôt mou-mou.
    — Ah ! Chacun ses problèmes, hein…
    — Hé ! salaud ! grimaça-elle en me jetant un coussin.
    — ...
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