La cérémonie
Datte: 23/04/2018,
Catégories:
jeunes,
religion,
bain,
fantastiqu,
Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe
... novices, qui devaient encore apprendre la prophétie. Thyris fut à deux doigts de poser des questions sur le texte, mais elle se contint. Elle avait trouvé tellement ridicule le comportement des mères à l’annonce de sa nouvelle virginité, qu’elle n’osait même pas imaginer ce que ces prêtres frustres pourraient faire si leur prophétie la désignait elle aussi.
Elle préféra se retourner pour observer, non loin de là, une cérémonie de lien en train de se terminer. Elle savait, depuis le début de l’après-midi, que la cérémonie comportait trois parties : l’affirmation que le lien est possible, par tous ceux qui seront concernés, l’appel aux dieux afin qu’ils bénissent l’union, et le lien en lui-même. Les futurs liés, sans doute des commerçants d’Alitra au vu de l’ampleur de leurs manches, se faisaient face. Ils tenaient chacun une extrémité d’une cordelette rouge, et le célébrant, en posant les questions rituelles, guidaient leurs gestes. Thyris n’entendait que la voix du prêtre, rythmée par des pauses qui, sans doute, appelaient des réponses :
— Savez-vous ce que le mot amour veut dire ?
La question troubla Thyris. Dans la bouche de Derina, tout à l’heure, elle semblait plus anodine. Le prêtre reprenait :
— Ce qui vous relie, est-ce de l’amour ?
Thyris détourna le regard, et croisa celui de Fyrag. Espérant que les pensées du jeune homme étaient ailleurs, elle se détourna afin qu’il ne la voie pas rougir.
— Savez-vous ce que fidélité veut dire ?
Pause ...
... encore.
— Vous sentez-vous prêt à être l’un envers l’autre, fidèle quoi qu’il arrive ?
Elle essayait de surprendre les gestes qui allaient dans peu de temps, former le nœud rituel.
— Savez-vous ce que responsabilité veut dire ?
Les mains des deux jeunes gens s’étaient rapprochées, et étaient maintenant masquées par leurs longues manches.
— Serez-vous responsable l’un de l’autre, l’un pour l’autre et l’un envers l’autre ?
L’officiant posa les mains sur celles réunies des deux liés. Il proclama enfin, d’une voix forte :
— Ce qui est délié peut être lié, ce qui est lié peut être délié.
Les deux jeunes gens écartèrent leurs mains, et élevèrent le nœud rituel. Machinalement, Thyris se retourna vers Rhonda. Sur la gorge de celle-ci, le même nœud reposait, fait sur un simple lien de cuir. Nerveuse, la jeune vestale se mit à triturer sa ceinture. Elle était mal à l’aise, et avait horreur de ça.
Le grand prêtre s’avança vers l’autel. Il était vêtu simplement, d’une blouse paysanne et ressemblait à un honnête patriarche. Ne serait-ce l’étrange coiffe violette qu’il portait, on ne l’aurait pas remarqué parmi la foule de maîtres et de novices qui grouillait autour de l’estrade. Il posa les mains sur la table de parole, et, dans toute la vallée, le silence se fit.
Thyris, aussitôt, se sentit à nouveau dans son élément. Ces prêtres ne portaient ni parures, ni signes distinctifs, ils n’avaient pas de privilèges, mais leurs célébrations ne différaient que peu de celles ...