Le plongeon - Histoires de Sexe

Le plongeon

... le chef de cabinet du Premier ministre. Son bras droit. Si je me fie à ce que j’entends, vous seriez l’homme le plus puissant du pays.

L’homme, qu’il trouvait plus imposant en réalité que dans les reportages qu’il avait vus, le fixait toujours, le visage exempt de toute émotion.

— Bien. Vous êtes un homme qui n’aime pas perdre son temps, selon ce que j’ai entendu, et je suis assez similaire à vous sur ce point. Allons donc au fait.
— D’accord.
— Le Premier ministre m’a demandé de vérifier votre intérêt à vous présenter aux élections.

Il ne répondit rien, le fixant à son tour, s’efforçant de n’avoir à son tour aucune émotion.

— Il y a à peine quelques minutes, vous étiez dans une mêlée où vous avez assuré la presse que cela n’était pas votre intention. Fort habilement, permettez-moi d’ajouter. Est-ce réellement le cas ?
— Je ne ferme jamais aucune option.
— Fort bien. Le Premier ministre vous a sur son radar depuis quelque temps. Voyez cet entretien comme un pré-entretien. Qui, bien entendu, n’aura jamais eu lieu. On se comprend ?
— Oui.
— Vous êtes un des quatre associés principaux de votre firme depuis la fin de vos brillantes études. Vous avez rapidement fait votre place dans ce domaine généralement peu hospitalier aux nouveaux venus. Ceux qui ont travaillé avec vous vous décrivent comme quelqu’un d’acharné, d’intelligent, de rusé, et surtout sans pitié. Cela vous apparaît assez proche de la réalité ?
— Oui.
— Votre salaire n’a cessé de croître, et ...

... aujourd’hui, vous faites par année un minimum de 800 000 $, plus vos primes diverses. Toujours exact ?
— Oui… Vous êtes bien informé.
— Oui, et vous nous avez rendu la recherche facile en payant consciencieusement vos impôts chaque année. Travaillant la plupart du temps à partir de la métropole, vous voyagez néanmoins chaque année pour une période combinée de deux à trois mois à l’étranger.
— Effectivement.
— Vous n’avez plus aucune famille proche de vivante et vous êtes séparé de fait de votre femme depuis un mois, vivant en concubinage avec votre maîtresse des trois dernières années…
— Mais comment grands dieux savez-vous cela ?
— Comprenez bien que dans mon domaine de travail, je ne laisse rien au hasard. Mon travail, c’est de protéger mon patron. Et pour cela, je dois tout savoir. Nous pouvons continuer ?
— Oui…

L’homme qui lui défilait sa vie tel un roman était très calme, n’ajustant jamais sa position sur sa chaise, se contentant de tirer sur sa cigarette de temps à autre. Lui, en contrepartie, avait de plus en plus de difficulté à garder son sang-froid. Il avait été très discret ces dernières années ; alors comment l’homme qui s’adressait à lui pouvait-il savoir tout cela ?

— Est-ce que cette description de votre vie sentimentale est véridique ?
— Oui.
— Votre femme des dix dernières années vit maintenant avec une dénommée Anastasia. Vous êtes restés en bons termes, mais votre statut n’est pas officiel.
— En effet, nous avons décidé d’attendre.
— Je vois. ...