1. Première rencontre


    Datte: 21/10/2020, Catégories: fh, extracon, bus, Oral confession, portrait, Auteur: Tristan de Bussy, Source: Revebebe

    ... salope ! » se disait-il dans son for intérieur.
    
    Tristan rentra donc chez lui. C’est la décision qu’il avait prise. Hélène ne savait rien de sa venue et ne l’avait absolument pas aperçu. Sur le chemin de retour, il s’obligea de ne pas penser à ce qu’il venait de voir et à ce qu’il venait de se passer pour ne pas être perturbé. Pourtant, c’était plus fort que lui ; ses idées se bousculèrent dans sa tête. Il imaginait encore sa belle de vingt-deux ans se faire prendre par un vieux presque chauve, un peu bedonnant et de vingt ans de plus qu’elle, au moins. Il y sentait un mélange de fierté et de culpabilité à la fois. Finalement, se disait-il, il arriva ce qu’il devait arriver.
    
    Tristan se remémora ce samedi de la semaine précédente où Hélène, trois heures durant, était restée dans le car avec Méléagant. Lui, Méléagant, faisait des allers-retours entre la gare et le dernier arrêt de bus de la ligne. Il lui fallait un peu moins d’une heure pour faire cet aller-retour. Hélène, elle, passa toute la matinée avec lui, descendant tantôt à un arrêt de bus tantôt montant à un autre pour tromper l’ennemi, disait-elle et faire preuve autant que possible de discrétion quant à sa relation avec Méléagant.
    
    À 10 heures 45, chaque samedi, Méléagant partait pour trente minutes de pause avec son bus. Vingt-neuf pour être exacte. Cela permettait à la compagnie d’ajuster ses dessertes en fonction de la fréquentation de la ligne. Son patron ne l’obligeait pas à rentrer à l’entrepôt. Méléagant ...
    ... avait ainsi pris l’habitude de se rendre dans un endroit calme en périphérie de la ville. L’endroit était tout trouvé : pas ou peu d’habitations à l’horizon, pas de zones commerciales, justes quelques jardins ouvriers, un chemin de promenade suivi d’un petit bois et qu’une petite route à double-sens, mais de la largeur d’un seul véhicule. Un espace aménagé sur le bas-côté de la route permettait au bus d’y stationner le temps de la pause.
    
    — Si tu descends au prochain arrêt, dit Méléagant à Hélène, je te reprends un peu plus loin, au petit pont de pierre discrètement, à l’abri des regards et je t’emmène dans mon coin secret où je me pose habituellement.
    — Et je fais quoi pendant ce temps-là ? Je te regarde ? répondit-elle, avec le plus grand des sourires.
    — Non, tu viens avec moi, on discute et je te montre comment on conduit un car. Cela te dit ?
    — Tu veux m’apprendre à conduire un car ?
    — Non, bien sûr que non, je ne peux pas t’apprendre à conduire un car comme ça, mais si tu veux, je peux te laisser t’asseoir à ma place et je te montre les principales fonctions du tableau de bord. Tu sais cela fait vingt ans que je fais ce métier et j’ai déjà formé des conducteurs. Alors, cela te dit ? Et puis c’est aussi pour rester ensemble un peu plus. Tu sais que j’aime bien être avec toi ? Je te l’ai dit plusieurs fois si j’étais plus jeune, je t’aurais déjà sauté dessus.
    — Hé, doucement, je ne suis pas à prendre. Je te rappelle que j’ai déjà un compagnon.
    — Oui, oui, je sais, ...
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