1. Jared


    Datte: 16/10/2020, Catégories: Humour sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... cherchaient aussi le Metropolis. C’était au moins la preuve qu’ils ne connaissaient pas non plus cette boîte. Le barman poursuivit :
    
    — C’est peut-être vous qu’ils cherchent, d’ailleurs…
    — Comment ça ?
    — Ils cherchent le Metropolis, vous aussi. Est-ce qu’ils ne voudraient pas vous y cueillir ?
    
    Il avait tout compris. Je hochai la tête, désespéré :
    
    — Appelez-les et vous aurez peut-être une belle récompense…
    
    L’homme cracha par terre en guise de réponse avant de maugréer :
    
    — Qu’ils aillent au diable !
    
    Je le remerciai tristement et sortis en lui souhaitant une bonne nuit. Il ricana en m’observant m’éloigner. J’avais tout de même un avantage sur eux, ou tout du moins, nous étions à égalité : personne ne savait où je devais me rendre…
    
    Je me remis à marcher au hasard des rues, réfléchissant. Le Metropolis n’était pas un endroit référencé, sinon eux l’auraient trouvé. Était-ce une énigme ? « Cherchez Fritz au Metropolis… » Fritz, comme Fritz Lang… C’était trop pour être une coïncidence. C’était sans doute une devinette.
    
    J’essayai de me repasser en mémoire les vagues souvenirs d’enfance que j’avais de ce sombre film. Les ouvriers, exploités, qui vivent sous terre, pendant que les riches propriétaires profitent à la surface. Sous terre ? Qu’y avait-il sous terre ? Le métropolitain n’existait plus depuis longtemps… Toute la ville s’était étendue, sous terre, il y avait des centaines de milliers de personnes qui habitaient sous terre, ouvriers ou pas. Quelle ...
    ... chance avais-je d’y trouver un quelconque Fritz ?
    
    Au hasard de mes réflexions, je débouchai le long d’une grande avenue, éclairée, où marchaient de nombreuses personnes, dans toutes les directions. J’observai un instant tous ces gens. Il était plus de 6 heures du matin. Certains se rendaient à leur travail, ceux qui étaient bien habillés et qui marchaient droit. Les autres terminaient leur nuit et rentraient chez eux.
    
    Je pris à droite, au pif, et continuai de marcher en réfléchissant encore. Je passai dans ma mémoire les titres des autres grands films de Fritz Lang.
    
    Et les très vagues souvenirs que j’en avais. "Le Docteur Mabuse" ? Il y aurait pu y avoir un rade de ce nom dans la ville. "M le maudit" ? "Le Tigre du Bengale" ? Tout ça ne m’évoquait rien.
    
    Un jeune homme m’apostropha soudain, m’extirpant de mes pensées:
    
    — Vous cherchez un peu de compagnie pour finir la nuit ?
    
    Je levai les yeux vers lui. Son look était significatif. Il avait l’air pendu à mes lèvres, à ma réponse.
    
    — Euh, non merci, désolé.
    
    Ses lèvres se fendirent d’une moue de déception, ou de désespoir. Je le regardai encore un instant, tristement. Ils étaient des milliers comme lui dans la ville, à attendre, la nuit. J’hésitai. Je ne savais pas où aller. À défaut d’autre chose, il pouvait quand même m’héberger quelques heures…
    
    — Attendez ! lui fis-je, tandis qu’il commençait de s’éloigner.
    
    Il se retourna et releva ses yeux tristes vers moi.
    
    — Oui ? Vous avez changé d’avis ...
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