Un enchaînement de circonstances - Histoires de Sexe

Un enchaînement de circonstances

... proportions banales, des casiers d’acier peints en noir et fermés de cadenas, des bancs capitonnés de cuir bordeaux, serpentant entre les rangées – et enfin me fixe avec une intensité qui me déroute. Cet homme bouleverse mes sens et bouscule mes émotions avec tant de ténacité qu’il me fait à moitié flipper. Je me racle la gorge.

— Ici ce sont les vestiaires.
— Je vois bien…
— De l’autre côté de la porte à double battants, que tu as vue dans le couloir, il y a un autre couloir. Puis les cuisines. Puis la salle.
— Oui… la salle…
— La grande salle, oui. Des tables et des chaises, des alcôves, une scène… tout ce que tu as pu t’imaginer de cet endroit. Mais le poumon de ce club est ici. Dans ce vestiaire. Dans le couloir que l’on vient de traverser.

Gros, gros silence… David semble ébranlé.

— Que veux-tu dire ?

Sa voix est différente. Changée… comme voilée. J’ai l’impression qu’il commence à flipper… et qu’il trouve ça très excitant.

— Je pense que tu t’imagines assez bien la chose.
— Non… pas vraiment.
— Ce sont des salles, derrière les portes noires. Ou des chambres. C’est selon.
— Et ?
— C’est un club particulier, David.

Il réfléchit… un long moment. Enfin, ses yeux quittent les miens. Je m’aperçois que j’avais carrément cessé de respirer tout du long que nous nous sommes fixés. Deuxième constatation : j’ai mouillé ma culotte. Bon. Apparemment, même ici il parvient à me faire ruisseler de désir…

Je me promets qu’on va avoir une « discussion ...

... privée » bientôt. Enfin… si on est encore d’humeur après ce que je vais lui raconter.

— Tu ne veux pas m’en dire plus ? finit-il par demander.
— Pas tout de suite.
— Ok alors… qu’est-ce qu’on fait là ?
— Il… il fallait que tu comprennes certaines choses, pour commencer. Et… je dois surtout te confier un secret… un secret que tu ne trouveras pas sur tes fiches.

David reste silencieux. Et lentement, il s’assoit sur un banc.

— Je t’écoute, Sally.
— Ça s’est passé ici.
— Continue…

Avec nervosité, je passe une main dans mes longs cheveux, puis me frotte pensivement le menton. Je savais que ce serait difficile.

— Prends ton temps, ajoute-t-il, devinant mon désarroi.
— Excuse-moi, ça fait longtemps que je n’avais pas raconté cette histoire.

J’hésite, puis finis par m’asseoir à côté de lui, du bout des fesses… regardant fixement devant moi. Je reprends, d’une voix très basse :

— J’a… j’avais fini la soirée. Je venais récupérer mes affaires dans mon casier, et prendre une douche. Il… il y a des douches ici, derrière toi. J’ai oublié de te montrer où elles se trouvent.

David jette vaguement un œil par-dessus son épaule, puis je sens son regard m’envelopper… intensément, comme souvent. Mais je ne veux pas croiser ses yeux. Je m’y refuse sinon je vais fondre en larmes.

J’étais toute seule, parce que j’avais fait une soirée… spéciale. Elle avait duré assez longtemps… les heures avaient filé, et il n’y avait plus personne à part moi, et sans doute la femme de ...