Histoire des libertines (5) : Messaline, impératrice et putain.
Datte: 27/09/2020,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... blonde, elle gagnait un bordel moite aux rideaux rapiécés où un box lui était affecté, elle s'y exhibait nue... Elle faisait goûter ses caresses à qui entrait, se faisait payer sa passe, renversée, ouverte, une foule la besognait et y déchargeait, et quand le bordelier libérait enfin ses filles, elle s'en allait tristement, n'ayant pu qu'être la dernière à fermer boutique, brûlante encore de la tension de sa vulve raide...»
Ainsi le poète latin Juvénal brosse-t-il le portrait de Messaline.
UNE CONCEPTION TRES PARTICULIER DU LIBERTINAGE
Pour la postérité, elle incarnera désormais, comme Julie, Agrippine, ou plus tard Théodora, la figure par excellence de la concupiscence sans limites, du désir féminin incontrôlé et incontrôlable, et ne cessera de hanter l'imaginaire occidental à partir de la fin du Moyen Âge. Romanciers, dramaturges, peintres, cinéastes et psychiatres, en feront l'archétype de la nymphomane.
Messaline avait une conception du libertinage très particulière : elle incitait les jeunes femmes à s’abandonner à leurs amants, au cœur même du palais impérial. Mais elle ne s’arrêtait pas là : elle obligeait leurs maris à assister à la scène. S’ils acceptaient, elles les récompensaient. Sinon, elle en faisait des ennemis mortels. Sans faire de la psychologie de comptoir, on peut quelque part admirer le courage et la conviction libertine de Messaline : en quelque sorte, elle humiliait les figures masculines par excellence, les maris qui retenaient en “otage” ...
... leur épouse dans le foyer familial…
Messaline n’est pas une sentimentale mais une collectionneuse et une licencieuse. De tempérament échangiste et peu jalouse, elle se livre à trois amants par nuit plutôt qu’à un. Une fois nu, un homme en vaut un autre et l’esclave vaut le maître s’il se montre à la hauteur. Mais ce style de vie ne reste pas longtemps caché. Et Claude a beau être un cocu plutôt sourd, il finit par entendre des bruits courir… Il faut être sérieusement inconscient ou fondamentalement libre, ou les deux, pour se conduire ainsi dans une société romaine phallocrate où le moindre manquement aux codes quand on est une femme peut coûter très cher.
Certains eurent beau parler de potins et d'inventions : l'Antiquité est unanime à son sujet. Suétone, Tacite et Juvénal nous racontent les centaines de scandales qu'elle transportait avec elle, aussi vorace que cruelle et jalouse, faisant souvent exiler et/ou assassiner ses amants accompagnés de leurs éventuelles amies. Elle avait transformé une partie du palais en bordel et s'y prostituait ouvertement. Elle explora tous les recoins de la débauche, à en faire rougir un pornographe.
POLYANDRE
Messaline finit par dépasser les bornes. Tout se gâta donc en 48, quand elle tomba folle amoureuse d'un certain Caïus Silius.
Tacite nous décrit le scandale : « Car elle brûlait pour C. Silius, le plus beau des jeunes Romains, d'une ardeur telle qu'elle fit rompre son mariage avec Junia Silana, une femme noble, et voulut ...