Quadrature - Histoires de Sexe

Quadrature

... perspective ! Inspiré subitement, je poursuis :

— Colette, et si nous partions en vacances, une semaine loin d’ici ?
— Et les enfants ?
— Tes parents comme les miens seraient contents de les avoir huit jours.
— Ce n’est pas le moment !
— Comment ça, pas le moment ? Je te propose de partir une semaine loin d’ici, de nous retrouver et tu ne veux pas ?
— Je ne sais pas ce que tu as, mais il faut que tu te changes les idées !
— Très bien, alors partons en vacances huit jours au soleil !
— Pas question !
— Pourquoi ?
— Ben… parce que !

Excédé, je lance :

— Parce que tu serais éloignée de ton amant ?

Aucune réponse. Colette est figée, la bouche ouverte. Elle bredouille :

— Mais… que… mais tu as quoi, aujourd’hui ?
— Il y a que j’ouvre les yeux !
— Tu es malade ou quoi ? Allez, viens me faire un câlin !

Curieusement, je ne bronche pas.

— Tu veux te faire prier, Sébastien ?
— Avant, tu m’appelais « Chéri » ou « Canard ».
— On a passé l’âge !
— Tu te répètes ! Maintenant, « Chérie », réfléchis bien à ma proposition de partir en vacances, huit jours. Pour la machine à laver, il vaudrait mieux en acheter une nouvelle, car la nôtre date du début de notre mariage, et comme lui, elle est bien vieille…
— Tu fais quoi, là ?
— Je vais aller faire un petit tour dehors, j’ai besoin de prendre l’air.

Et je quitte la maison sans me retourner.

—ooOoo—

Alors que je suis arrivé au bout de la rue, je constate que je suis parti trop vite ; j’ai oublié ...

... ma sacoche avec tous mes papiers et mon portefeuille. Je retourne sur mes pas et j’entre silencieusement dans la maison ; je ne tiens pas à me retrouver face à face avec ma femme. C’est alors que j’entends sa voix :

— Mon amour, tu es là ?

Je me retourne, tout content, mais je ne vois personne. Je constate alors que ma femme parle dans la pièce voisine.

— Ah, tu m’as fait peur, je ne t’entendais plus au bout du fil ! Écoute, Mamour, Sébastien m’inquiète ; il était tout bizarre, il a même parlé d’amant !
— …
— Oui, j’ai bien entendu, il voulait même qu’on parte en vacances huit jours en amoureux, et comme je ne voulais pas, il a carrément dit : « Parce que tu serais éloigné de ton amant ? »
— …
— Oui, je sais ! Moi, non plus, je ne veux pas être éloignée de toi !

C’est alors que j’entre en scène :

— Je suppose que tu téléphones au dépanneur ou à un vendeur de machine à laver ?

Elle pousse un hurlement de surprise, laissant tomber le combiné au sol. Je m’approche d’elle ; elle reste figée. Je ramasse le téléphone. J’entends une voix familière qui s’inquiète de ce qu’il peut se passer. Je dis simplement :

— Ainsi, c’est donc toi…

Pas de réponse, l’homme raccroche aussitôt.

— Bon, je comprends mieux certaines choses…
— Ce… ce n’est pas ce que tu crois… je…
— Oui, oui, je sais, tu appelles tout le monde « Mamour » ou « Mon amour », sauf moi…

Pas de réponse à présent de sa part.

— J’ai très bien deviné qui c’était. On ne va pas épiloguer ...