Quadrature - Histoires de Sexe

Quadrature

... Je crois, mon pauvre Sébastien, que nous sommes souvent passés l’un à côté de l’autre. Même maintenant, tu restes trop policé… Un autre homme m’aurait flanqué une dérouillée ; mais voilà, nous, nous nous contentons de discuter.

Je suis choqué par sa vision des choses ! Est-ce bien là ma Colette, ma femme, la mère de mes enfants ?

— Je me vois mal faire mal à une femme, surtout à ma femme !
— Et je t’en félicite ; mais un peu plus de… comment dire…
— De vivacité ? De virilité ?
— D’autorité de ta part, j’aurais bien aimé…
— En effet, nous sommes passés l’un à côté de l’autre !

Je regarde les murs du salon, notre maison, celle que je partage avec une inconnue… Puis je me retourne vers ma femme :

— Concrètement, on fait quoi ?
— On ne change rien. La seule différence, c’est que maintenant, tu sais…
— Tu me trompes avec Paul et je la ferme, c’est ça ?
— Je reste avec toi…
— On fait semblant pour les enfants, la famille, les amis…
— Surtout pour le bien des enfants. Honnêtement, le reste, je m’en fous !
— Et Isabelle ?

Ma femme me regarde curieusement :

— Isabelle ? Comment ça, Isabelle ?
— Oui, ta grande copine d’enfance, celle à qui tu as emprunté son mari.
— Je ne vois pas ce qu’Isabelle a à voir là-dedans !
— Elle est dans le même cas que moi, je te signale. Elle est au courant ?
— Ah non, surtout pas ! Et je te défends de lui dire quoique ce soit !
— Ah bon ? Et pourquoi donc ?

Colette me regarde anxieusement :

— Ah non, je ne tiens pas ...

... à foutre le souk chez Isabelle.
— Ça ne t’a pas empêchée de le faire chez nous !
— Si tu n’étais pas revenu sur tes pas, tout irait bien…
— Bien ? Tu as de ces mots… Au pieu, c’est le néant !
— Le pieu, le pieu ! Tout de suite, le pieu !
— Et tu fais quoi avec ton Paul ? Du macramé, sans doute ?

Elle serre les dents, ses yeux lançant des éclairs :

— C’est pas pareil !
— Mais non, que ce n’est pas pareil ! Avec Paul, c’est fatalement différent, bien sûr ! Paul par ci, Paul par là ! Il me fait chier, ton Paul !
— Tu vas te calmer, oui ?
— Je sens que je viens d’avoir une bonne idée ! Je vais aller de ce pas casser la gueule à ton Paul chéri, puisque mon éducation à la con m’empêche de te taper dessus !
— Tu… tu ne parles pas sérieusement ?

Je me dirige vers la porte à grands pas. La main sur la poignée, je me retourne vers ma femme, devenue blanche comme un linge :

— Tu peux le prévenir que si j’arrive à lui mettre la main dessus, j’aurai quelques années de frustration à lui balancer en pleine tronche, à cet intello de mes fesses !
— Arrête, Séb ! Fais pas ça !
— Il fallait y songer avant, ma chère femme !

Et je claque la porte.

—ooOoo—

Hélas pour moi et heureusement pour Paul, je n’ai pas réussi à le trouver, Colette l’ayant sans doute averti de mes projets. Bien sûr, il ne répond pas à mes appels. Je suis frustré. Je sais très bien que lui balancer mon poing en pleine figure n’est pas hautement civilisé, mais ça défoule ! Et même ça, je ne peux ...