1. Un été caniculaire 3


    Datte: 17/09/2020, Auteur: Dr Lamb, Source: Revebebe

    ... Djamila. Tu parles d’un nom…
    — Ouais, mais bon, il est mort, fit Nivea, peut-être un peu sèchement.
    
    Un petit silence gêné s’installa. Je me disais que les choses ne se passeraient peut-être pas aussi bien qu’elles le devraient. Notre invitée se tourna vers Nadia :
    
    — T’habites où ?
    — À Poissy.
    — Ouais, je connais.
    — Et toi ?
    — Juste à côté. C’est pratique pour le taf.
    
    Nadia hocha la tête.
    
    — T’es de quelle origine ?
    — Algérienne.
    — Ouais, ça se voit. T’es mignonne.
    
    Djamila se mit à rougir.
    
    — Merci. Et toi, tu viens d’où ?
    — Bah, je suis un mélange. Algérienne italienne. Une sorte de cocktail.
    — Explosif, rajoutai-je, sans savoir ce qui m’y poussait.
    
    Je me tournai vers elles et Nadia me fit un sourire.
    
    — Tu veux pas changer de place avec Djamilia ? m’interrogea-t-elle.
    — Djamila, rectifia l’interpellée.
    — Ouais, avec Djamila.
    — Heu…
    
    Je regardai Nivea, concentrée sur la route.
    
    — Je peux ?
    — Fais ce que tu veux.
    — Houlaa, Madame fait la gueule !
    — Du tout.
    
    Je détachai ma ceinture et regardai notre invitée.
    
    — Cela te dérange pas de passer devant ?
    — Non…
    
    Elle n’avait pas l’air de bien comprendre. Je me faufilai à l’arrière, priant pour que l’on ne croise aucune voiture de flic. Je m’écroulai à moitié sur Nadia qui explosa de rire.
    
    — T’as la grâce d’un pingouin shooté à la coke.
    — Merci.
    
    Djamila était passée à l’avant et bouclait sa ceinture. Je m’installai à côté de Nadia, me demandant où tout cela allait nous mener. ...
    ... Et ce qui était en train de se produire entre elle et moi. Je repensai à l’intensité de notre étreinte, alors que Nivea était sous la douche. Cela avait été incroyable. Et j’avais ressenti des choses inédites.
    
    Fred se tenait sur le bord de la route, son petit sac à dos posé à ses pieds.
    
    Il patientait.
    
    Il avait l’habitude. L’attente en valait toujours la peine, avec Djamila. Les personnes qu’elle lui ramenait étaient toujours intéressantes. Depuis sept ans qu’il tuait et torturait en solitaire, cela le changeait d’avoir une compagne aussi malsaine et perverse que lui, bien qu’elle fut plus jeune de douze ans. Elle avait une soif d’apprendre, et une créativité qui l’avaient impressionné. Et cette sauvagerie ! Peu commune. Une hargne, une barbarie, un jusqu’au-boutisme inégalé.
    
    Fred boutonna son manteau et consulta son téléphone portable : il était dix-neuf heures seize. Djamila n’allait pas tarder. Trois nouvelles victimes à ajouter à un tableau de chasse déjà bien rempli. Un sourire vint éclairer sa figure.
    
    Il ne se réfugiait pas derrière des croyances religieuses, ni derrière une quelconque vengeance pour justifier ses actes : oh non. Trop intelligent pour ça. Il tuait parce qu’il aimait ça. Tout bêtement. Si un jour il devait se faire arrêter ou tuer, et bien soit. Il s’en fichait. Sa vie n’avait pas plus de valeur que celles qu’il ôtait de ses mains. Il ne s’était jamais senti supérieur à ses victimes. Jamais.
    
    Au contraire, il les sublimait, car elles lui ...