Jean-Jean et la kiné - Histoires de Sexe

Jean-Jean et la kiné

... ne sommes plus de jeunes amoureux insouciants, nous avons des enfants. Au travail, elle comme moi avons des responsabilités. Nous nous sommes constamment adaptés aux changements qui auraient pu nous éloigner l’un de l’autre. La relation exclusive du début a évolué, elle s’est ouverte aux autres et ça l’a enrichie. Et si aujourd’hui, nous sommes encore ensemble, c’est parce que nous en avons envie, pas par habitude. Je ne suis pas propriétaire de ma femme. Si ce soir, elle rentre à la maison, ça ne sera pas par obligation. Je ne crois pas que c’est en surveillant ses faits et gestes, que j’arriverai à la garder, mais plutôt en la laissant libre.

Je me tais et attends sa réaction. Son massage est toujours aussi appliqué mais son silence est révélateur ; elle digère ma tirade. Puis, pas convaincue, elle reprend :

— Oui, mais pratiquement, là, avec votre ami, ce grand et bel homme, vous n’avez pas peur qu’il se passe quelque chose ? Comment pouvez-vous être sûr ?
— Ma femme connaît Cédric depuis des années. Elle l’apprécie beaucoup et malgré ça, tous les soirs, elle est à la maison. Vous comprenez ? Elle a la possibilité de le rejoindre, mais elle ne le fait pas. Elle préfère me revenir. Et je sais que cette liberté la rend heureuse.

À nouveau, elle cogite, réfléchissant sans doute aux implications de mes paroles. Je dois certainement bousculer sa conception des rapports amoureux. Sans doute n’a-t-elle jamais envisagé qu’un couple puisse avoir un tel mode de ...

... fonctionnement et elle a envie de comprendre.

— Euh… mais imaginez qu’elle et Cédric profitent de votre tolérance et… euh… que vous appreniez qu’il s’est passé quelque chose entre eux ?

La formulation est hésitante, elle ne veut pas me heurter mais a quand même envie de savoir jusqu’où on peut aller avec une telle ouverture d’esprit. Elle n’est pas du genre à se contenter de demi-révélations.

— J’aime ma femme, j’ai envie qu’elle soit heureuse et je veux l’être moi aussi. Notre relation est forte mais ça ne veut pas dire que l’on fasse tout ensemble. Je fais du basket et ça ne l’intéresse pas. Elle pratique la natation, pas moi. Nous avons nos espaces de liberté et d’autres qui sont communs. Autrement dit, nous nous épanouissons quand nous sommes ensemble, mais aussi chacun de notre côté. Et pour répondre à votre question, je préfère anticiper et autoriser ma femme à vivre une aventure extraconjugale que d’être dans la crainte permanente d’une tromperie. Je sais qu’il y a le danger qu’elle s’amourache d’un autre et veuille me quitter. Mais aimer, c’est prendre des risques. J’ai envie d’un amour fort avec une femme épanouie, pas d’une petite vie plan-plan.

Là, je me suis laissé emporter et, même si je ne suis pas entré dans les détails, j’en ai peut-être trop dit. Je ne voudrais pas la heurter dans ses certitudes. Elle reprend bien vite :

— Mon ami n’accepterait jamais ce genre de choses ! Quand nous nous sommes rencontrés, il y a deux ans, j’étais déjà en école de kiné et ...