1. Imbroglio


    Datte: 10/09/2020, Catégories: fh, couple, extracon, sf, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... écrite. L’agression qu’il venait de subir lui permettait d’avoir le beau rôle. Il avait eu le temps de la lire deux fois. Heureux hasard ou volonté, on ne pouvait savoir quel était le sexe de l’auteur ni celui du destinataire.
    
    Géraldine s’empara de la feuille de papier avec une feinte assurance. Qu’est-ce qui lui prenait à Jean-Pierre ? D’accord, ils s’envoyaient en l’air, une certaine complicité existait entre eux. Mais jamais au grand jamais, ils n’avaient parlé d’amour… alors vivre ensemble. No way ! Il avait dû péter un câble ou se mettre aux amphets. Elle réglerait ça avec lui. Déjà parer au plus pressé. Pas plus bête que son « cher et tendre », elle se rendit compte que la lettre pouvait être adressée à l’un comme à l’autre. Elle la relut à haute voix :
    
    Mon amour,C’est la première fois que j’ose t’appeler ainsi et encore par écrit. Ces trois syllabes chantent joyeusement dans ma tête. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne nous sommes jamais avoué nos sentiments, car il n’y avait aucun avenir possible pour nous. Notre relation restait charnelle et joueuse. Je n’en peux plus, je veux aller plus loin, franchir le pas et vivre notre relation au grand jour, même si cela fait scandale dans notre petite communauté. Je ne peux plus vivre sans toi.Si tu m’aimes aussi fort que je t’aime, retrouve-moi à la tombée de la nuit à l’endroit habituel.Je t’aime.
    
    Géraldine fit la même constatation que son « cher et tendre » et contre-attaqua :
    
    — Où as-tu vu que c’était à moi qu’on ...
    ... écrivait ? Ne serait-ce plutôt ta maîtresse ? On dirait une lettre de gonzesse, mentit-elle allègrement. Je me demandais pourquoi tu me baisais comme un malade. C’était juste pour cacher le loup !
    — …
    — Avec mon boulot, la maison à tenir – on peut pas dire que tu m’aides beaucoup –, quand aurais-je le temps d’avoir un amant ? Et un obsédé de la bite, ça me suffit amplement. J’dirais même que parfois, ça lasse, ajouta-t-elle perfide.
    
    Gérard était bien embêté pour répondre, car ça avait été, à quelque chose près, son raisonnement. Pour s’en tirer, il utilisa l’ambiguïté du texte.
    
    — Excuse-moi, mon amour. Mais lire un truc comme ça tu peux comprendre, ça m’…
    — S’il te plaît, pas de théâtre de boulevard, tu sais que je déteste. Et toi en mari jaloux, t’es pas vraiment crédible.
    — Tu as raison, penauda-t-il. Ce doit être un joyeux plaisantin…
    
    Sentant venir une échappatoire possible, elle embraya.
    
    — … t’es gentil, j’dirais plutôt un gros connard.
    — Ok, disons un gros connard, reprit Gérard soulagé que sa moitié entre dans son jeu. Un gros connard qui déjà sur l’enveloppe joue avec la similitude de nos prénoms. Personne ne nous appelle comme ça.
    
    Sauf… pensèrent-ils de concert.
    
    — Et ensuite, il écrit sa lettre de manière à ce qu’on ne puisse savoir à qui elle est adressée.
    — Tout à fait. Juste pour semer la zizanie dans notre couple.
    
    Géraldine aida son mari à se relever et le prit dans ses bras.
    
    — Pardonne-moi, mon chéri, d’avoir douté de toi.
    — Je te ...
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