1. Justine et moi


    Datte: 03/09/2020, Catégories: fh, jeunes, couple, amour, journal, Humour Auteur: Agerespectab, Source: Revebebe

    ... bavarder. Il faisait chaud.
    
    Une fois, dans la cour, ma maîtresse était à l’écart, sur une chaise, elle lisait. Tout le monde allongé sur l’herbe, y avait que trois, quatre malades qui courraient après une balle en gueulant.
    
    Je me suis approché, petit à petit, mine de rien, et quand je me suis trouvé contre, elle n’a pas bougé, poursuivant sa lecture ; je me suis laissé tomber sur les genoux, mon menton sur sa cuisse, face à son livre, comme si je voulais lire aussi, et sa main est venue sur mes cheveux, qu’elle a caressés lentement, et cette année là j’ai rien connu de meilleur, même pas quand maman me garde le jus de fraises.
    
    Je lui ai raconté, à ma maman.
    
    Elle m’a dit "tu as bien de la chance, mais je crois que tu inventes un peu, là."
    
    Alors ça ! J’ai sursauté et je lui ai répondu "comment ça j’invente, t’y était pas, comment tu peux savoir ?"
    
    Elle m’a dit "les Maîtresses ont pas le droit de caresser, même juste les cheveux" et bien ça m’a fait très plaisir, ce que maman m’a dit là, parce que si Maîtresse avait pas le droit, alors c’est Angélique qui l’a fait.
    
    — --oooOooo---
    
    Me voilà aujourd’hui, à vingt et un ans, en troisième année de fac de sciences et, de ceux de l’école primaire, il ne reste que Justine.
    
    C’est une sacrée belle plante, maintenant, mais elle a conservé son penchant pour les grands mots et les phrases creuses.
    
    On travaille souvent ensemble, et, dans les devoirs de physique, je suis obligé de sabrer ses discours ...
    ... interminables qui peuvent indisposer les correcteurs. Je désespère d’obtenir d’elle un peu de concision, ni même de parvenir jamais à ce qu’elle en voie l’utilité : elle est très satisfaite de son style littéraire, elle adore rouler ses phrases ampoulées au fond de la gorge.
    
    Elle n’est pourtant pas mauvaise élève, simplement, elle fait de la "physique poétique". En maths, certains algorithmes la font rêver.
    
    Au début, mes parents m’avaient incité à me loger à la cité U, tandis que Justine disposait d’un studio en ville.
    
    Maintenant j’ai moi aussi mon studio, au calme, et nous sommes tantôt chez l’un tantôt chez l’autre. Sommes-nous amants ? Pas tout à fait.
    
    Elle est tendre avec moi, mais c’est un peu machinal. Elle m’autorise des caresses que les autres ne peuvent pas se permettre, elle est comme une sœur incestueuse, qui mettrait des bornes précises, que j’ai bien été obligé d’accepter.
    
    Mais si l’envie lui prend de se faire une toile avec un Xavier, ou d’aller en boîte avec un Edouard, elle n’attend pas mon avis. Ça me désarçonne, bien souvent. Elle a quelquefois des coups d’œil qui pourraient être interrogatifs, mais je n’en suis pas sûr, et je ne veux pas courir le risque du ridicule.
    
    Quand elle est en veine de tendresse avec moi, elle sait y faire pour obtenir ce qu’elle veut, rien de moins, rien de plus.
    
    Cela aussi est déstabilisant : toujours ces bornes à notre plaisir, comme qui dirait visiter l’appartement témoin, pouvoir même y passer la nuit, mais pas ...
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