1. Histoire de Jack et de son asticot magique


    Datte: 17/04/2018, Catégories: Délire, , Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    C’était l’ambiance des grands soirs lorsque je suis entré chez Molly ; debout sur le bar, un verre de gnôle à la main, Jack faisait son show. Il marchait tel un tribun, de gauche à droite, puis de droite à gauche sur le comptoir, sans faire attention aux verres qu’il renversait, et il haranguait la foule en lui parlant de sa bite, comme d’habitude. La bite de Jack, c’était devenue une légende urbaine, un mythe, un événement dont plus personne n’ignorait rien dans notre petit bourg. Et ça nous faisait tous bien rigoler, ces histoires, parce que nous, on était tous au courant de la réalité : JACK AVAIT UNE TOUTE PETITE BITE !
    
    On savait ça depuis l’enfance. Depuis les sorties scolaires à la piscine, jusqu’aux douches prises en commun dans les vestiaires du club de rugby local… On l’avait tous vue, la bite de Jack. Un micro-pénis, comme on dit. Une malformation qui avait ravagé sa vie et qui avait fait de lui un conteur magnifique d’histoires de poivrots. Des histoires dans lesquelles son zob prenait des proportions gigantesques, effrayantes, jusqu’à faire de lui la terreur de toutes les petites chattes serrées des environs.
    
    — Hé, arrête un peu ton char… cria la grosse Lulu, du fond de la salle. Moi, je l’ai vu, ton asticot, je peux en parler…
    — Tu peux rien en dire, espèce de bécasse baveuse… Quand tu l’as vu, c’était avant l’opération.
    — Hé, Jack… On sait que t’es encore plus fauché qu’un RMIste, alors pas de craques… Tu l’aurais payé avec quoi, ton braquemart en acier ...
    ... ?
    — Z’êtes vraiment trop cons, répondit Jack en descendant du comptoir. Je vous ai déjà dit comment c’était arrivé.
    — Ah ouais, c’est vrai… Les services secrets t’ont greffé un zob qui valait trois milliards. En fait, tu es comme Steve Austin, sauf que toi, y avait tellement de travail qu’avec ce prix-là, ils n’ont pu refaire que ta queue…
    — Allez vous faire foutre !
    
    On la connaissait tous, son histoire à la con. Mais faut dire que pour ma part, je saluais son imagination.
    
    Il y avait trois ans de ça, Jack avait déclenché une bagarre générale dans le bar d’en face, toujours pour la même raison, un connard qui était venu l’asticoter sur la taille de son vermicelle. Jack avait une petite bite, certes, mais sur le terrain de rugby, il jouait première ligne. Avec son mètre quatre-vingt-dix, ses 120 kilos, ses oreilles en choux-fleurs et son tarin de boxeur à la retraite, normalement, on aurait dû lui foutre la paix. Mais non… Il fallait toujours qu’un abruti vienne le chercher en se foutant de la taille de son machin. Ce jour-là, Jack lui avait pété toutes ses dents, et les gendarmes durent s’y mettre à cinq avant de pouvoir l’embarquer dans leur camionnette. Il s’en était tiré avec trois côtes cassées et une nouvelle fracture du nez, et avait passé quinze jours à l’hôpital.
    
    À son retour, il avait imaginé une histoire à partir de laquelle il avait décidé de bâtir sa légende : un grand chirurgien lui avait proposé de tester sur lui sa dernière découverte. Il lui avait ...
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