1. Installation


    Datte: 17/04/2018, Catégories: h, jeunes, dispute, revede, Auteur: Cidoup, Source: Revebebe

    LA FEMME A LA FENETRE -1-
    
    INSTALLATION-
    
    — Je t’ai trouvé un appartement !
    
    Jean regarde avec surprise sa mère qui vient de rentrer.
    
    — Un appartement ? Pourquoi faire ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’un appartement ?
    
    Mme Astier pose son sac sur un guéridon et suspend son chapeau au portemanteau du couloir avant de répondre.
    
    — Je te rappelle, si tu l’as oublié, que tu es inscrit à l’université de Limoges pour la prochaine rentrée.
    — Je sais, je sais.
    
    Non, il n’a pas oublié. Dans deux mois il affrontera avec d’autres étudiants novices, la redoutable première année du DEUG scientifique. Chaque fois qu’il y pense un sentiment de fierté gonfle sa poitrine, sentiment mêlé d’inquiétude. Pour la première fois de sa vie, il quitte Saint Julien et rejoint la grande ville. Il n’est pas pressé, non pas pressé du tout de s’éloigner du giron familial et surtout d’y penser trop tôt en pleines vacances !
    
    — Il était inutile de se précipiter. Souviens-toi, j’ai fait une demande pour un studio dans la cité universitaire pour être avec mes potes.
    — Ils l’ont eu ce studio ?
    — Gérard et Sylvain ? Oui.
    — Et toi ?
    — Tu sais bien que ce sont les congés. Le secrétariat m’a promis une réponse au mois de septembre.
    
    Madame Astier se garde de formuler tout haut sa pensée. Elle a eu tort de faire confiance à son fils chéri. Une confidence de la mère de Gérard au troisième trimestre lui a ouvert les yeux. Jean s’y est pris en retard, beaucoup trop tard. Les parents de ...
    ... l’ami de son fils ainsi que ceux de Sylvain ont fait le siège du CROUS, l’office de gestion de la cité universitaire dès la rentrée de janvier, soit plusieurs mois avant la fin de l’année scolaire. Leur ténacité couronnée de succès avant la fermeture pour congés, leur a valu la promesse ferme d’un logement. Perfide, la mère de Gérard a ajouté qu’elle pense qu’il reste encore quelques studios libres, oh pas beaucoup ! Mais si Jean le désire, elle peut essayer d’intercéder en sa faveur. Madame Astier a poliment décliné. Sans en référer à son fils, elle a activé le réseau de ses amies et s’est mise en quête d’un toit pour abriter sa progéniture.
    
    — Tu sais, un appartement, ce n’est pas mal. Tu y seras plus à ton aise, plus libre.
    
    Libre, le mot magique. Il tourne dans la tête de Jean. Il se voit déjà recevant ses amis au milieu d’un immense salon meublé de profonds canapés… et ses ami-i-e-s dans un vaste lit couvert de coussins accueillants. L’idée le séduit mais il ne peut se rendre sans combat d’arrière garde.
    
    — J’aurais l’air de quoi quand ils m’annonceront qu’ils me réservent un studio.
    — Rien n’est moins sûr mon chéri. À mon avis, tu t’y es pris un peu tard. Et puis, avec l’administration on n’est jamais à l’abri de surprises. J’ai une amie qui…
    
    Il n’y a rien qui énerve plus Jean. Sa mère a toujours en réserve un ou une amie à citer en exemple. Dans le cas particulier, la fille de l’amie n’aurait pas reçu la chambre dûment promise à cause d’un député au bras long ...
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